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Citations de Orhan Veli Kanik (21)


Viendra un jour je m'en irai tout seul
Dans le parfum des filets de pêche sortis de la mer,
D'une île à l'autre
Sur la trace des girouettes.

Il existe des mondes, vous n'avez pas idée,
Les fleurs s'ouvrent dans un grondement,
Dans un grondement sort la brume de la terre.

Et les mouettes, surtout les mouettes,
Toutes plumes dehors !

Viendra un jour je serai bleu jusqu'au cou,
Viendra un jour je serai soleil jusqu'au cou,
Viendra un jour, comme un fou...
(juillet 1947)
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Orhan Veli Kanik
Poème de la solitude

Ils ne savent pas
ceux qui ne vivent pas seuls
comme le silence fait peur
comme l’homme solitaire se parle
comme il court vers les miroirs
en quête d’un être vivant
Ils ne savent pas
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Mais qu'est-ce que tu attends ? Jette-toi à la mer.
Tu vas manquer à quelqu'un ? Peu importe.
Ne vois-tu pas la liberté de tous côtés ?
Sois voile, sois gouvernail, sois poisson, sois eau,
Va jusqu'où tu pourras.

(Cap sur la liberté, octobre 1947)
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Orhan Veli Kanik
J'ECOUTE ISTANBUL

J'écoute Istanbul, les yeux fermés
D'abord une brise légère doucement;
Tout doucement se balancent
Les feuilles sur les arbres dans le lointain,
Tout au loin
Les cloches obstinées des porteurs d'eau
J'écoute Istanbul, les yeux fermés.


J'écoute Istanbul, les yeux fermés
Tandis que passent les oiseaux
Tout là-haut, par longues bandes criardes
Dans les pêcheries on tire les filets
Les pieds d'une femme baignent dans l'eau
J'écoute Istanbul, les yeux fermés.

J'écoute Istanbul, les yeux fermés
Les voûtes du bazar sont fraîches, si fraîches
Mahmut Pacha est tout grouillant de monde
Les cours sont pleines de pigeons.
Des bruits de marteaux montent des docks
Dans le vent doux du printemps flottent des odeurs
de sueur
J'écoute Istanbul, les yeux fermés.

J'écoute Istanbul, les yeux fermés
Une yali aux sombres embarcadères
Dans sa tête, l'ivresse des plaisirs d'autrefois
Dans les ronflements des vents du sud apaisés
J'écoute Istanbul, les yeux fermés.

J'écoute Istanbul, les yeux fermés
Une beauté marche sur le trottoir
Quolibets, chansons, ballades, moqueries
Quelque chose tombe de sa main
Ce doit être une rose
J'écoute Istanbul, les yeux fermés.


J'écoute Istanbul, les yeux fermés
Un oiseau bat des ailes autour de ta robe
Je sais si ton front est tiède ou frais
Si tes lèvres sont humides ou sèches, je sais
Une lune blanche se lève derrière les pins
Je perçois tout du battement de ton cœur
J'écoute Istanbul.
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Beau temps


Le beau temps m'a perdu.
Par un temps pareil j'ai démissionné
De mon poste d'employé,
Par un temps pareil j'ai pris goût au tabac,
Par un temps pareil je suis tombé amoureux ;
Par un temps pareil j'ai oublié
D'amener à la maison le sel et le pain ;
Par un temps pareil, toujours
Ma frénésie d'écrire des poèmes resurgit.
Le beau temps m'a perdu.
Avril 1940

p.83
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Passer le temps


Toutes ces belles femmes pensent
Que chacun de mes poèmes d'amour
Leur est destiné.
Malheureusement
Je sais bien que je les écris
Pour passer le temps.
Novembre 1937

p.41
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Mon chef-d'œuvre


Lorsque je suis amoureux, d'habitude
Je n'écris pas de poèmes.
J'ai pourtant écrit
Mon unique chef-d'œuvre
Quand j'ai compris que je l'aimais plus que tout.

Et c'est d'abord à elle
Que je dirai ce poème.
Septembre 1937

p.34
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Orhan Veli Kanik
Pour vous, hommes, mes frères
toutes choses sont pour vous
La nuit est pour vous
et le jour est pour vous
la lumière du jour et la clarté de la lune
les feuillages dans la clarté de la lune
l’inquiétude des feuilles
la sagesse des feuilles
les verts innombrables dans la lumière du jour
Les jaunes sont pour vous
et les roses
le contact de la main sur la peau
sa tiédeur
sa douceur
le réconfort d’être couché
Les bonjours sont pour vous
et pour vous les mâts qui se balancent dans le port
les noms des jours
les noms des mois
Les couleurs des barques sont pour vous
et pour vous les pieds du facteur
les mains du potier
la sueur qui coule des fronts
et le plomb qui jaillit des fusils
Pour vous les cimetières
les pierres tombales
les prisons, les menottes
les peines capitales
Pour vous
toutes choses sont pour vous
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ROBINSON
De tous mes amis d'enfance
Mon arrière-grand-mère est la plus chérie
Depuis le jour où nous avons inventé mille façons
De sauver le pauvre Robinson de son île déserte
Et pleuré tous deux
En voyant souffrir Gulliver
Perdu
Au pays des géants.
15.12.1937
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Orhan Veli Kanik
Cap sur la liberté



Avant la levée du jour
Quand la mer est encore blanche tu partiras.
Au creux des paumes la volupté d’étreindre les rames,
En toi le bonheur de réaliser quelque chose,
Tu iras.
Dans les remous des filets de pêche tu iras.
Surgissant sur ta route des poissons t’accueilleront,
La joie te prendra.
Tirant les filets,
La mer viendra dans tes mains écaille par écaille ;
À l’heure où se taisent les âmes des mouettes
Dans leurs rochers cimetières,
De tous les horizons brusquement
Un tumulte explosera.
Tout ce que tu voudras :
Sirènes, oiseaux, festivités, fêtes, fiestas ?
Cortèges, grains de riz, voiles de mariée, grand pavois ?
Ohéééé !
Mais qu’est-ce que tu attends ? Jette-toi à la mer.
Tu vas manquer à quelqu’un ? Peu importe.
Ne vois-tu pas la liberté de tous côtés ?
Sois voile, sois rame, sois gouvernail, sois poisson, sois eau,
Va jusqu’où tu pourras.
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Poème du voyage


I

Pendant les voyages
Les étoiles parlent.
Ce qu'elles disent
Est triste
En général.


II

Les soirs d'ivresse,
Gaie,
La mélodie sifflotée.
Alors que la même,
À la fenêtre d'un train,
Ne l'est pas.
Octobre 1937

p.35
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Le matin


Comme un arbre aux branches déployées
Je tends la main vers le ciel
Et contemple les nuages
Pendant qu'un dromadaire écumant
Galope, galope, galope
Pour atteindre l'horizon avant l'aube…
Octobre 1937

p.40
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Traversée


C'est beau un saule pleureur.
Mais quand notre train
S'arrête au terminus
Je préfère
Être ruisseau
Que saule pleureur.
Octobre 1937

p.35
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Mes paroles


Je suis né en 1914,
J'ai parlé en 15,
Je parle encore.
Que sont devenues mes paroles ?
Parties au ciel ?
Peut-être reviendront-elles toutes
En 1939,
Transformées en avion ?

Si Allah existe
Je ne lui demande rien d'autre.
Cependant je ne souhaite
Ni qu'il existe
Ni l'avoir comme dernier recours.
Septembre 1939

p.71
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Poèmes de l'asphalte


I

Que c'est beau :
Découvrir un horizon inconnu
Lorsqu'on démolit
Un immeuble dans la rue.

IV

Regarder les cailloux concassés
Et songer à un asphalte éclairé,
Est-ce seulement
Réservé aux poètes ?
Septembre 1937

p.32
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Mélancolie


J'aurais pu me fâcher
Contre les gens que j'aime
Si aimer
Ne m'avait appris
À habiter la mélancolie.
1.11.1937

p.41
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Le chardonneret


Jolie fille,
Tu n'est pas aussi mignonne
Que le chardonneret
Sautillant sur la plus haute branche
Du prunier de notre jardin.
Je l'avais pourtant enduite de glu.
Septembre 1937

p.33
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Cornouiller


Cette année pour la première fois
Tu as donné des fruits, cornouiller :
Trois.
Tu en donneras cinq l'an prochain.
La vie est longue,
Nous attendrons.
Qu'est-ce que ça peut faire ?

Cornouiller, tu me fais rire !
Avril 1940

p.83
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Comme nous


Un tank éprouve-t-il du désir
Quand il rêve,
Et que pense l'avion
Lorsqu'il est seul ?

N'aiment-ils pas chanter d'une seule voix,
Les masques à gaz,
À la lumière de la lune ?

Et les fusils n'ont-ils pas de pitié,
Du moins autant que nous les hommes ?
Septembre 1939

p.70
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Arbre


À l'arbre j'ai lancé une pierre,
Disparue ma pierre
Disparue ma pierre.
Ma pierre, l'arbre l'a mangée,
Ma pierre je la veux
Ma pierre je la veux !

Avec Oktay R1fat, août 1937
p.21
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