J'avais l'habitude des traumatismes sexuels des femmes, j'ai mes propres cicatrices et toutes mes amies ont été un jour touchées, embrassées voir pénétrées contre leur gré, la plupart du temps par celui qu'elles aimaient ou quelqu'un qu'elles connaissaient. Mais je n'avais jamais vraiment pris la mesure des souffrances sexuelles des hommes, des souffrances plus subtiles mais ô combien dangereuses vu leurs conséquences néfastes. Après notre première fois ensemble, je suis tombée des nues. Heureusement, il était conscient de ses blessures, il m'a demandé d'être patiente et de I'aider à guérir de la honte, de la culpabilité, de la peur vis-à-vis de son corps et de ses performances, Il avait besoin d'oublier la sexualité toxique dont il avait hérité de la société dans laquelle il avait grandi. Une société hyper-sexualisée mais totalement sous-éduquée dans laquelle les hommes deviennent trop souvent dépendants d'une pornographie sexiste et violente dès l'adolescence mais n'ont jamais appris à goûter à la véritable sensualité de leurs corps qu'ils ne savent ni écouter, ni toucher. Avec patience, il a dû apprendre à ralentir, à ressentir, à communiquer, à respirer, à demander à être présent, à quitter son cerveau pour revenir dans son précieux cœur d'homme et dans son puissant corps d'homme.
Ensemble, on a fini par le guérir, il a fini par guérir et par devenir le magnifique guerrier pacifique que tous les hommes ont le potentiel d'être. Maintenant, quand on a fait l'amour, c'est d'un amour total qu'il s'agit, une lente invocation aux dieux de la sensualité, une danse érotique que rien ne peut arrêter. Ce sont des fulgurances électriques, des secondes ou des heures de frissons dans un présent figé, nos cœurs qui fusionnent et nos désirs qui s'emmêlent. C'est sa langue contre la mienne, des caresses qui glissent sur les vagues de nos élans, mes seins qui cherchent ses mains et les siennes le creux de mes reins. Quand on fait l'amour, il n'y a plus que nos cris qui subliment la poésie de nos âmes...
Nous autres voyageurs qui grandissons enveloppés dans l'enivrante mélancolie de la solitude, nous estimons avec d'autant plus de tendresse l'étincelle grisante des rapports humains. En Californie, dans I'Oregon, en France, à la Réunion, partout où j'ai été je me suis fait des amis car même si j'aurais pu me contenter de mes chats et de mes appels vidéos avec mes amis précédents, j'ai toujours eu ce besoin profond d'échanges dans mon ici et maintenant. J'ai besoin de regards, de rires et de pleurs partagés, j'ai besoin d'embrassades et de caresses, j'ai besoin de respirer et de transpirer à plusieurs, j'ai besoin d'exprimer et de recevoir de l'amour à travers tous ces langages physiques et spirituels qui complètent celui des mots.