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Citation de enkidu_


Les castes avaient classé la population indienne en une sorte de Colisée parallélépipédique aux galeries superposées et au sommet duquel siégeaient les dieux. Les Anglais maintenaient de leur côté leur hiérarchie, qui partait du modeste garçon de magasin, passait par les professionnels et les intellectuels, continuait avec les exportateurs et culminait avec cette terrasse du système où s’asseyaient confortablement les aristocrates du Civil Service et les banquiers de l’empire.

Ces deux mondes ne frayaient point ensemble. Les natifs ne pouvaient pas entrer dans les lieux destinés aux Anglais et les Anglais vivaient à l’écart de la vibration du pays. Une telle situation me valut des problèmes. Mes amis britanniques me virent dans un véhicule baptisé gharry, une voiturette spécialisée dans le rendez-vous galant et éphémère, et me firent aimablement remarquer qu’un consul ne devrait en aucun cas recourir à ce genre de transport. Ils me sommèrent aussi de ne pas m’asseoir dans un restaurant iranien, un endroit pourtant plein de vie et où je prenais le meilleur thé du monde dans de petites tasses transparentes. Ce furent-là leurs dernières semonces, après cela, ils cessèrent de me saluer.

Leur boycottage me rendit heureux. Ces Européens pleins de préjugés n’étaient pas très intéressants à mon goût et puis je n’étais pas venu en Orient pour vivre avec des colonisateurs de passage mais avec les héritiers de ce monde ancien, avec cette grande et infortunée famille humaine. (pp. 32-33)
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