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Citation de coco4649


Hauteurs de Macchu-Picchu


VI
Extrait 2

Ceci fut la demeure, ceci est le lieu :
Là, les larges grains de maïs montèrent
Et descendirent à nouveau comme une grêle rouge.

Là, le fil doré fut tiré de la vigogne
Pour vêtir les amours, les tombes, les mères,
Le roi, les prières, les guerriers.
Là, les pieds de l’homme reposèrent la nuit,
Auprès des serres de l’aigle, dans les hauts repaires
Des carnassiers, et, à l’aurore,
Foulèrent à côté des pieds du tonnerre le brouillard raréfié,
Et touchèrent terres et pierres assez
Pour les reconnaître dans la nuit ou la mort.

Je regarde les vêtements et les mains,
La trace de l’eau dans le creux sonore,
La paroi adoucie par le contact d’un visage
Qui regarda, avec mes yeux, les lampes de la terre,
Qui huila, avec mes mains, les bois
Disparus parce que tout, les habits, la peau, la vaisselle,
Les mots, le vin, le pain,
Tomba, s’en fut à terre.

Et l’air passa avec ses doigts
De jasmin sur tous les dormants :
Mille années d’air, des mois, des semaines d’air,
De vent bleu, de cordillère de fer,
Qui furent comme de doux ouragans de pas
Lustrant le solitaire enclos de la pierre.

//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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