Dans la nuit haute en empruntant la vie entière,
allant des larmes au papier, de vêtement en vêtement,
j'avançai en ces jours soucieux.
J'étais le fugitif traqué par la police:
et lorsque l'heure est de cristal, dans l'épaisseur
et la solitude stellaires,
je traversai des villes, des forêts,
des métairies, des ports au milieu des montagnes,
du seuil d'un être humain à celui d'un autre homme,
d'une main à une autre main, puis à une autre.
La nuit est grave, pourtant l'homme
l'a jalonnée de signaux fraternels
et tâtonnant par les chemins, palpant les ombres,
j'arrivai à la porte illuminée, au petit point
étoilé qui était le mien,
à ce quignon de pain que les loups dans le bois
n'avaient pas dévoré.