AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de lglaviano


JE DEMANDE LE SILENCE
en Outrevague-abonde*,
(ou Vague à lames/vagues à larme, ou Extravagueur, ou Extravagantaire)

Chut! S’il-vous-plaît
Laissez-moi tranquille à présent.
Maintenant habituez-vous sans moi.
Je vais fermer les yeux.
Je veux seulement cinq choses,
cinq racines préférées.

Une est l’amour sans fin.

La deuxième c’est voir l’automne.
Je ne peux être si les feuilles
ne volent ni ne retournent à la terre.
La troisième c’est le grave hiver,
la pluie que j’aimai, la caresse
du feu dans le froid sauvage.
En quatrième lieu l’été
rebondi comme une pastèque.
La cinquième ce sont tes yeux,
Mathilde mienne, ma bien-aimée,
je ne veux pas dormir sans tes yeux,
je ne veux pas être sans ton regard:
je change le printemps
pour que toi tu me regardes encore.

Mes amis, c’est tout ce que je veux.
Ce n’est presque rien et c’est presque tout.
À présent, vous pouvez partir si vous voulez**.

J’ai tant vécu tout un jour♠
que vous aurez à m’oublier de force,
en m’effaçant de l’ardoise:
mon cœur fut interminable.
Mais si je demande le silence,
n’allez pas croire que je vais me mourir:
il m’arrive tout le contraire:
il advient que je vais me vivre.

Il se passe que je suis et que je suis♦.

Pourrais-je ne pas être, en effet,
sans qu’au dedans de moi ne croissent les céréales,
d’abord les grains qui gercent
la terre pour voir la lumière,
mais la terre mère est obscure :
et dedans moi je suis obscur :
je suis comme un puits
sur les eaux duquel
la nuit dépose ses étoiles
et puis solitaire s’en va battre la campagne. ♣

En fait, j’ai tant vécu
que je veux vivre encore.
Jamais je ne me suis senti si bruissant,
jamais je n’ai contenu tant de baisers.

Maintenant, comme toujours, il est tôt.
Vole la lueur avec ses abeilles

Laissez-moi seul avec le jour.
Je sollicite la permission de naître.

Traduction: Helgé, alias lglaviano.

NOTES DU TRADUCTEUR:

**Ou bien, l’inverse: Maintenant, si vous le voulez bien, partez.

♠Ceci est un “solécisme” volontaire: soit on coupe selon la grammaire: “He vivido tanto // que un día tendrán que olvidarme”: J’ai tant vécu //qu’un jour vous devrez m’oublier; ou mieux, on coupe selon la poésie: “He vivido tanto que un día // tendrán que olvidarme por fuerza”: J’ai vécu autant (aussi longtemps) qu’un jour//si bien que vous devrez m’oublier par force. En fait, j’ai mélangé les 2, pour ne pas trop torturer la syntaxe tout en maintenant son sens plénier au jour, mis en valeur par sa pré-position en fin de vers, par contre-rejet.

♦C'est-à-dire: être et suivre, poursuivre.
Ou bien, moins fort: « Il se trouve que je suis et continue »,
ou: « que je vis et sur-revis »;
ou encore: « Oui. Je suis et (pour) suis »;
ou même carrément : « Je suis Celui qui suis »...

♣Ou bien, plus simple, mais moins joli :
« et continue seule à travers champs. »



Commenter  J’apprécie          70





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}