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Citation de Luniver


Mateo ne perdit pas l'habitude de lire, mais bien châtié par les vingt jours de captivité qui l'avaient pratiquement conduit dans la tombe, il se garda bien pendant une bonne saison de lire en public. Il continua à lire à voix haute, faisant résonner sa voix et déclamant des phrases comme s'il était au marché, parce qu'ainsi il comprenait mieux les choses et les retenait davantage point par point en mémoire, et ce quand bien même il n'avait alors pour public que ses chèvres et ses brebis, lesquelles, intriguées par ses interminables discours en oubliaient jusqu'à mâcher en observant leur berger parler autant. Mateo lut tant à ses animaux, et les chapitres du Quichotte et du Capital furent si nombreux à passer par les oreilles attentives de son cheptel, que Mateo commença à croire que ses animaux aussi avaient leurs préférences littéraires, et il en arriva à être convaincu de ce que les chèvres prêtaient davantage d'attention lorsqu'il s'agissait de Cervantès, tandis que les brebis, qui l'eut cru, préféraient les enseignements de Marx.

Cervantès pour les chèvres, Marx pour les brebis. L'on n'avait jamais vu troupeau bêlant plus lettré que celui de Mateo.
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