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Citation de Charybde2


Mercier n’avait pas recruté Arial Madalena Luiza Jones pour qu’elle emmerde le monde. On l’avait engagée parce qu’elle avait explosé les scores du MX.
Alors, laisse tomber.
Pourtant, ça la dérangeait. Elle avait toujours été curieuse, obsédée par des questions et quand son esprit s’accrochait à quelque chose, c’était difficile de l’en décrocher.
Elle réfléchit, pensa à l’augmenté. Une vérification de routine à succès et Caroa s’était soudain intéressé à elle, lui avait demandé de dérouter les drones, ordonné de rapprocher leurs équipements de l’Atlantique nord des côtes au cas où il aurait besoin de plus de force de frappe.
Elle avait demandé au général quelle compagnie méritait leur attention, qui dirigeait les activités de l’augmenté mais Caroa avait répondu par une rebuffade, dit que ça n’avait pas d’importance.
D’après elle, l’augmenté devait travailler pour une société qui voulait reprendre le marché de la récupération dans les Cités englouties. Lawson & Carlson ou un autre. Mais ça n’avait pas de sens non plus. Les activités d’un unique augmenté dans l’un des innombrables trous à rats sans importance du monde étaient triviales comparées aux genres d’opérations que Caroa menait habituellement. Cet homme envoyait des milliers d’augmentés au combat conquérir de nouveaux territoires, étouffer des rébellions et reprendre des ports d’eau profonde. Caroa organisait les monopoles militaires du commerce maritime du pôle Nord fondu, il ne perdait pas son temps avec un unique augmenté dans une zone de récupération oubliée.
Sauf qu’à présent, il le faisait.
Donc, au lieu de s’inquiéter de savoir si Mercier allait perdre le contrôle de ses mines de lithium au Pérou, Jones s’inquiétait de la survie d’un vaisseau de contrebande de fer blanc venant du trou du cul du monde. Elle retourna à son bureau en fronçant les sourcils. Elle sirotait son expresso avec une grimace en débloquant ses fichiers de recherche.
Des listes de bateaux se déroulèrent sur l’écran, des clippers de classe Mante qui avaient jeté l’ancre dans des dizaines de ports de l’Atlantique, de Reykjavik à Rio de Janeiro. Même les ports les plus proches renfermaient des centaines de navires du même type. Jersey Orleans. Seascape Boston. Mississippi Metro. Récif de Miami. Ils étaient peut-être allés plus loin. Vers Londres ou Lagos. Avec un bateau de classe Mante, le monde entier était à portée de voile. Ils pouvaient tout aussi bien se diriger vers l’île de Shanghai.
Elle étudia les quelques captures d’écran dont elle disposait. Des images lointaines et pixellisées. Elle n’avait pas dirigé le Rapace sur le clipper pendant ses surveillances, il n’y avait donc qu’une petite série de bonnes prises, dix secondes de tournage pour le drone.
Jones repassa les images, se pencha inconsciemment pour regarder l’écran même si cela ne rendait pas les photos plus claires.
Des enfants soldats portant les couleurs de l’augmenté transportaient une cargaison quelconque, de forme étrange. Une jeune femme à la peau et aux cheveux sombres semblait les superviser. Ses traits semblaient venir d’Asie orientale mais n’étaient ni vraiment chinois, ni vraiment japonais, plus africains, en fait. Un mélange de Chinois et des Cités engloutie peut-être ? Une orpheline abandonnée par les casques jaunes qui avaient tenté de remettre de l’ordre dans le coin ?
On aurait dit que la fille était en charge de la cargaison, même si elle n’avait pas l’air plus âgée que Jones. Mais tout le monde dans les Cités englouties était jeune. Les vieux avaient été abattus des années auparavant. Celle-là semblait bien abîmée. Jones essaya d’affiner la résolution de l’image. La fille avait une cicatrice sur une joue qui ressemblait à un insigne de milice. Jones ouvrit ses fichiers de recherche.
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