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Citations de Pascal Marichalar (9)


[Les arguments en présence] témoignent de deux manières très différentes d'envisager le cas des victimes de maladies professionnelles. D'un côté, le juge se cantonne à la logique stricte de ce qu'il considère comme étant l'esprit des lois : la matière pénale a besoin de certitude ; or pas une des voix du dossier ne prouve avec une entière certitude que les maladies du verrier sont dues à son ancien travail, y compris parmi ses soutiens ; donc, il n'y a pas lieu de faire un procès. De l'autre côté, le médecin se réfère à l'état de la connaissance scientifique sur le cancer : il est généralement impossible de dire qu'un facteur plutôt qu'un autre a causé le cancer d'un individu ; les études scientifiques sur la cause des cancers sont toutes probabilistes, dans le sens où elles mettent en évidence des facteurs qui augmentent la probabilité pour un individu d'avoir un cancer ; dans le cas du verrier, les facteurs professionnels de cancers sont multiples, intenses et ont déjà été associés à ce type de maladies dans d'autres populations étudiées ; tout ceci devrait donc conduire à dire que c'est son travail qui a rendu Christian Cervantes malade, avant de tuer.

Sous la plume [du médecin], les éléments « sérieux et concordants » ne sont pas des preuves de seconde classe. Ce sont bien les meilleures preuves qu'on puisse avoir. Qu'à cela ne tienne : au nom du professionnalisme juridique, le juge continue d'exiger cette certitude de premier ordre, quand bien même, en l'état de la science, elle est rigoureusement impossible à atteindre.
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Dans dautres circonstances, l'exposition intentionnelle à un danger de mort serait considérée comme une rupture majeure de la morale commune, et un crime au regard de la loi, qui plus est quand elle se solde effectivement par des morts, prévisibles et évitables. Mais il n'en va pas ainsi lorsque les faits sont commis sur le lieu de travail. À la suite de la plainte pénale de Christian Cervantes, des policiers et des juges se sont brièvement saisis de la question qui est le titre de ce livre. Cependant, ils n'ont pu y apporter même un début de réponse, par manque de formation sur ces questions mais surtout d'outils juridiques. L'enquête préliminaire a examiné s'il y avait la certitude d'un lien causal entre le travail de l'ouvrier et ses cancers, et a dû répondre par la négative, évidemment. En revanche, le fait que Christian Cervantes ait été intentionnellement exposé à des dangers notoires, qui lui ne fait aucun doute, a laissé le juge indifférent.
En engageant des poursuites pénales sur cette base, il aurait pourtant été relativement aisé de faire émerger des responsabilités, en posant juste quelques questions simples : qui savait qu'il y avait danger (et quand) ? Qui avait le pouvoir de protéger le travailleur de ce danger ? Et qui n'a pas utilisé ce pouvoir ? Mais un tel raisonnement relève de la justice-fiction. Il fait fi des forces profondes et anciennes qui s'opposent à ce que l'on utilise les notions de crime et de responsable dans la sphère du travail.
(page 218)
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[U]n chercheur court le risque d'être discrédité en tant que scientifique « engagé », et donc bien peu fiable, quand bien même il fait face à des collègues qui sont consultants pour les entreprises, qui sont eux réputés « neutres » à condition de s'acquitter d'une déclaration formelle d'intérêts.
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On s'en chargea pour eux : leur désir de justice fut soumis aux fourches caudines de la procédure de reconnaissance des maladies professionnelles. Au fil des années, aussi bien l'assurance maladie, l'administration du travail, la médecine du travail que l'institution judiciaire allaient tenir, de manière plus ou moins explicite, le même triple message à l'endroit des verriers : 1) il n'y a d'autre justice que celle de la reconnaissance en maladie professionnelle ; 2) une victime non reconnue ne peut être légitimement considérée comme une victime ; 3) une victime reconnue n'est elle-même plus une victime, puisque la réparation de l'injustice a eu lieu, et doit donc abandonner toute autre prétention.
(page 216)
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La situation des verriers de Givors est emblématique de la condition contradictoire qui affecte aujourd'hui une grande part du monde ouvrier, et s'étend progressivement à d'autres secteurs du salariat. Tous les verriers qui dénoncent aujourd'hui la pénibilité de leur travail passé se sont fortement mobilisés, dix ans plus tôt, contre la fermeture de leur usine. Certains m'expliquent que les deux drames de leur vie sont la maladie et le fait d'avoir perdu leur emploi de verrier. Cette contradiction apparente ne résulte pas d'un raisonnement irrationnel. Elle n'est que le reflet de la tension structurelle dans laquelle sont piégés ces travailleurs face au chantage des délocalisations et des licenciements boursiers, un chantage orchestré par les employeurs et souvent légitimés par l'État, qui les a conduit à défendre un emploi dangereux pour leur santé plutôt que de se retrouver au chômage.
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J'ai repris la route de Waimea. Cette nuit-là, voyant briller les étoiles à travers les immenses eucalyptus, je me suis surpris à espérer le retour des nuages.
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Partout, les montagnes des observatoires brûlent. Faut-il s'en étonner ? Originellement établis dans des lieux choisis pour leur faible humidité et leurs courants atmosphériques constants, les observatoires astronomiques sont aux premières loges des phénomènes de sécheresse extrême mais aussi de vents violents pouvant attiser les flammes qui accompagnent la phase aiguë du changement climatique dans laquelle nous sommes entrés depuis quelques années.
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Pascal Marichalar
Sur le terrain hawaiien, les scientifiques ont bénéficié de l'héritage colonial pour déployer leurs projets d'observation de l'univers. C'est cet héritage qui leur a permis de s'approprier facilement certaines terres précieuses comme si elles étaient disponibles, vides et à saisir, c'est encore lui qui a sous-tendu la division du travail mise en place dans les observatoires.
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Ce livre est un hommage au Mauna Kea, une montagne que "kia'i" et astronomes s'accordent à reconnaître comme un extraordinaire portail terrestre vers l'au-delà. Le volcan en sommeil est à la fois un témoignage vivant de la beauté fragile de notre monde et un site unique pour enquêter sur l'énigme première chère aux philosophes : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Et comment faire pour que ce quelque chose qui est tout à la fois notre planète, la vie, l'histoire humaine et non humaine, ne retombe pas dans le néant ?
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