Pascal Ruga

En cette nouvelle aube les moineaux
pépient sous les toits je me sens
accueilli dans la tiédeur de leur nid.
Rien ne les arrête dans l’innocence de
cette salutation à la lumière qui les
traverse. Avec eux je reçois ce monde
– notre monde.
Ce qu’il advient dans l’Inconnu qui me
hante n’est plus à la portée d’un temps
ou d’un simple monde de l’être. Je
me suffis à mon ignorance sur les
travées du peu que je sais, ne suis
qu’une écoute en ce nouveau jour qui
m’emporte une fois de plus.

(p. 21)

Laissons le silence nous surprendre, abandonnant toutes questions, il sacre, enfante, renouvelle les sources de la vie, nous enlève au connu. Il nous garde en cet océan de sérénité où le moindre paysage se dissout tant la fixité de quoi que ce soit le fait fuir. Le silence nous pénètre par son balbutiement d’infini et si la mort lui sourit, nous n’aurons qu’Unicité à lui rendre – dans le silence rien ne se divise. Au jardin sa fleur, au silence sa joie – ce mystère en lequel il vient de sourdre.
Le silence est une méditation au-delà des formes, il attend notre probable dans l’impossible de ce volcan d’une Réalité dont nous portons l’urgence. Au plus intime du silence notre misère a disparu avec l’étrangeté de se sentir appartenir à autre chose que ce déroulement quotidien qui nous encercle et nous lie au monde.

Nous sommes les pèlerins du silence, nous tentons de rejoindre l’Inconnu dont l’absence va au-delà de l’ombre et de la lumière. Ce n’est déjà plus une connaissance qui participe du mental, nous ne sommes plus à la merci d’une pensée. Le silence communie avec l’UN, il est notre aura de l’invisible. Nous ne serons jamais las de cette grâce qui le traverse, nous dépose au seuil du merveilleux.

(p. 15)

être le TOUT et le RIEN de chaque
chose, sans oublier que nous sommes
en cette grâce de vivre qui nous
contient dans le feu de SA JOIE

(p. 59)

Ce qu’il advint de l’Inconnu qui me
hante n’est plus à la portée d’un temps
ou d’un simple mouvement de l’être. Je
me suffis de mon ignorance sur les
travées du peu que je sais, ne suis
qu’une écoute en ce nouveau jour qui
m’emporte une fois de plus.

Il n'y a pas d'autre paix que l'acceptation de ce que l'on est.

(p. 79)