Il y a un jardin public dans la rue Mimosa. Dans ce jardin, vue de haut par quelque démiurge, la scène se déroulerait ainsi : deux poussettes menées par deux jeunes mères un matin de printemps. Elles arrivent par deux entrées opposées qui, en fait, correspondent à deux quartiers limitrophes. L'un, petit-bourgeois, séries de duplex blancs dotés d'une cour carrée à l'avant, d'une cour rectangulaire à l'arrière ; l'autre populaire, blocs de ciment, appartements le plus souvent loués au mois, alignés au ras du trottoir. Dans chacun des quartiers, il y a des familles, des veuves, des divorcés, des retraités, des gens heureux et des gens malheureux, des alcooliques anonymes, des cardiaques qui s'ignorent, des enfants.