Patrice & Frédérique Brasseur

Nous pouvons résumer l'histoire de la conscience humaine en quatre phases que nous nommons conscience de dépendance, conscience d'indépendance, conscience d'interdépendance et conscience globale. Nous en présentons un déroulé accrédité par l'expérience, car chaque humain, chaque nation parcourt ou parcourra ce chemin de conscience au fil des incarnations, bien que tous et toutes n'en soient pas au même stade d'évolution. La marche du monde est fonction de cette disparité qui, une fois reconnue, permet de comprendre le présent et ouvre de nouvelles perspectives.
Chacune de ces grandes phases comporte un programme complexe assorti de nombreuses variantes et les transitions de l'une à l'autre dessinent des fondus enchaînés ponctués de crises, de régressions et d'avancées soudaines. Les périodes de chevauchement entre états de conscience et les remous qui en résultent sont fréquentes et pour le moins inconfortables. Le développement de l'individu, de la naissance aux différents âges, éclaire ces diverses zones de conscience que traversent aussi les familles, les sociétés, les peuples et les nations.

L'humanité progresse grâce à des expansions de conscience ; sans elles, le règne du même sempiternel plongerait le monde dans un morne et terrible ennui, faute de sens et de possibilités d'envisager un avenir différent.
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Seule l'histoire de la conscience permet de comprendre le parcours et la destinée de l'humanité. Sans elle, nous nous en tenons à des récits qui reconstituent à partir de vestiges formels, une fable reconnue scientifiquement, mais de plus en plus décriée. Il est contestable de n'envisager l'évolution qu'à partir de formes déconnectées des causes qui les ont engendrées ; à décharge, il n'existe nul fossile de conscience et seuls des objets témoignent du développement d'une intelligence, donc d'une pensée créatrice.
Parallèlement, des textes issus d'une sagesse immémoriale proposent une autre version des origines à celles et ceux qui cherchent à comprendre d'où ils viennent. Ces écrits assurent que la conscience est l'âme de toute chose et c'est au développement de cette thèse encore peu partagée que nous nous intéressons.

La vision des anciens, tenue pour le produit d'un imaginaire en mal de concepts, s'élève ainsi au rang de vision prophétique dont les détails s'affichent au fil des expansions de conscience que vit l'humanité. Le rapport liant la vie, la conscience et les formes dévoile peu à peu l'histoire de l'univers qui est celle de milliards d'entités conscientes, incarnées dans des galaxies, des étoiles, des planètes, au sein d'une abstraction universelle dont nous ne savons rien.
Mais si les récits de l'origine du Monde abondent, sciences, religions et mythes ne disent rien quant au devenir et au but de sa manifestation, car la finalité du Monde plonge au cœur de l'Intention mystérieuse du "Créateur". Celle-ci apparaît par bribes, en fractale, dans une approche holographique à mesure de l'avancée des consciences.
[…] dans cette succession ininterrompue, chaque organe est partie constituante d'un organisme plus grand, et la recherche de la volonté créatrice initiale est une quête dont nul, sur Terre, ne perçoit le terme !

Nous supposons donc qu'il existe un chemin de conscience qui suit un plan préétabli, impose des étapes identiques pour tous et auxquelles nul n'échappe, à terme. Celles-ci se retrouvent chez les individus, les sociétés, les nations et conditionnent les comportements qui leur sont liés. Les connaître change notre regard sur le monde et autorise une analyse prospective qui dégage de nouvelles perspectives.
Cette approche aide à identifier la place occupée par chaque entité individuelle ou collective sur l'échelle évolutive et permet d'envisager à partir de là le pas suivant sur le sentier de l'incarnation ; à toutes les étapes, des éclaireurs accompagnent celles et ceux qui les suivent au plus près de leurs besoins, en tenant compte du contexte de conscience, comme eux-mêmes ont été guidés et soutenus par celles et ceux qui les précédaient.

Qu'est-ce que la vérité ?
C'est un éclairage qui donne sens à ce que nous vivons et fait consensus au sein de la microsociété dans laquelle nous évoluons. Nos façons de percevoir le monde sont fonction d'une vérité, qui bien qu'incompatible avec celle d'un autre, nourrit et entretient en retour une réalité relative qui devient certitude. Juger selon nos critères n'aide pas à comprendre ni à reconnaître nos semblables. Au-delà de la tolérance, la compréhension aimante permet d'accueillir l'autre qui se réfère comme nous, à une vérité très partielle; l'innocuité est une valeur essentielle pour celui qui découvre cette vérité.

Les deux grandes qualités de la Vie que sont l'Éternité et l'Infinité permettent de remonter sur les rives de l'abstrait, en prenant garde cependant à notre compréhension de ces deux termes. L'éternité n'est pas ce qui dure infiniment longtemps, mais absence de temps. De même que l'infinité est une absence d'espace et non un espace extraordinairement grand. Tant que nous sommes dans le temps et dans l'espace, nous séjournons dans le monde concret, dans le terreau des formes. Dans l'Éternité et l'Infinité, il n'y a ni temps, ni espace, mais la Vie qui sous-tend tout, en amont de tout.

Les enseignements, quelle que soit leur forme, sont doublement éclairants. Ils proposent des pistes de recherche, des sentiers de connaissance jusque-là méconnus et aident à mettre des mots sur ce que nous ressentons. Entre le moment où nous sommes vibratoirement sensibles à certaines vérités et leur intégration, il faut parfois méditer longtemps pour qu'elles imprègnent notre mental. À défaut, c'est lors d'une lecture, d'une conférence, d'une vidéo, d'une discussion qu'un nouvel éclairage s'impose comme l'évidence d'un pressenti qui cherchait à se dire.

Tout enseignement est donc vrai à un moment donné pour quelqu'un, mais seulement pour un temps. Les leçons qui ont été utiles paraissent ensuite insuffisantes, voire erronées, mais restent vraies et précieuses pour celles et ceux qui suivent sur le chemin. Toute vérité intégrée appelle une autre vérité à mettre en œuvre; c'est ainsi que nous avançons de vérité en vérité, en rencontrant les enseignements qui correspondent à notre besoin du moment.

Ces notions d'âge de conscience et d'âge réel sont essentielles pour comprendre la progression de l'humanité et les inégalités de développement que nous pouvons tous constater. Elles s'offrent comme outils d'analyse, de compréhension et d'orientation pour accompagner nos semblables et trouver pour nous-mêmes les chemins qui mènent à de nouveaux accords.

Conscience, vous avez dit conscience ? En route pour une nouvelle histoire.