Patricia Briggs

— Yo ho ho ! fusa la voix de mon mari dans l’escalier. De l’or, des femmes et du rhum !
Il ne jouait pas souvent, mais, quand ça arrivait, il vivait l’expérience à fond.
— De l’or, des femmes et du rhum ! reprirent en chœur plusieurs voix masculines.
— Non, mais, écoutez-les ! pesta Mary Jo. Donnez-moi un homme qui sait se servir de ce que le Seigneur lui a attribué au lieu de ces morveux qui s’enfuient à la vue d’une vraie femme.
— Yo ho ho ! renchérit Auriele pendant que Jesse pouffait à côté.
— Frottez l’pont, bande de jean-foutre, ou vous allez glisser dans l’sang et casser vos mousquets ! lançai-je. Et quoi q’vous fassiez, tournez jamais l’dos à Belle Barbaresque ! (Un rugissement d’approbation me répondit, provoquant un nouvel accès d’hilarité chez Jesse.) Au fait, capitaine Larsen, (mon mari avait emprunté le nom du héros du Loup des mers de Jack London), tu as droit à tout l’or et le rhum que tu veux, mais, si tu vas voir une autre femme, tu auras un doigt en moins.
S’ensuivit un bref silence.
— Yo ho ho ! répliqua Adam avec un enthousiasme renouvelé. J’ai déjà une femme. Pourquoi est-ce que j’en voudrais d’autres ? Les femmes sont pour mes hommes !
— Yo ho ho ! rugirent ses troupes. Donne-nous de l’or, du rhum et des femmes !
— Et des hommes ! ajouta la voix douce d’Auriele. Des vrais !