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Citation de Jones_Crystal


« Des années durant, nous n’avions été que deux adversaires, des prédateurs qui devaient partager leur territoire et luttaient contre une certaine attirance malvenue. Et d’une certaine manière, pendant tout ce temps passé à faire semblant d’obéir à ses exigences tout en n’en faisant qu’à ma tête, j’avais gagné son respect. Des loups-garous m’avaient déjà aimée ou détestée, mais aucun ne m’avait respectée, pas même Samuel.
Adam, lui, me respectait assez pour prendre en compte mes soupçons. Cela signifiait beaucoup pour moi.
Je fermai les yeux et me laissai bercer par sa voix, la frustration quittant peu à peu mes veines. Adam avait raison : je n’avais pas les moyens de partir à la chasse au vampire, quel qu’il soit, et a fortiori un possédé par un démon. Il me faudrait me contenter de laisser Warren ou Stefan s’en charger. Mais si c’était Ben qui le tuait… Je ne savais si cela m’apporterait la même satisfaction. Cela ne me réjouissait pas de lui être encore plus redevable.
Adam raccrocha. J’entendis ses pas assourdis par le sol rembourré et le sifflement que fit l’air en s’échappant du tapis quand il s’assit à mes côtés. Au bout d’un moment, il dénoua ma ceinture et ôta la veste de mon keikogi, me laissant juste vêtue de mon pantalon et d’un tee-shirt. Je ne fis rien pour l’en empêcher.
— Depuis quand es-tu si passive ? demanda-t-il.
Je lui grondai dessus, les yeux toujours clos :
— Tais-toi. Je suis en pleine délectation morose, là. Un peu de respect.
Il éclata de rire et me retourna face contre le tapis qui sentait la sueur. Il se mit à malaxer les muscles de mes reins de ses mains chaudes et puissantes. Quand il s’attaqua à mes épaules, j’avais l’impression de ne plus avoir d’os.
Tout d’abord, son massage fut totalement professionnel, dénouant les muscles tendus par les insomnies de mes nuits et l’effort physique exigé par mes journées. Puis ses mouvements brusques s’adoucirent, et se transformèrent en caresses.
— Tu sens l’huile de vidange et le lubrifiant, remarqua-t-il, un sourire dans la voix.
— Bouche-toi le nez, alors, répliquai-je.
À mon grand dam, cela sonnait plus tendre qu’acerbe.
C’était vraiment trop facile. Un petit massage et j’étais toute à lui. C’est justement parce que j’étais si attirée par lui que je l’avais obstinément ignoré. Et là, avec ses mains qui malaxaient mon dos, je me demandais si c’était vraiment une si bonne raison que cela.
Lui ne sentait pas l’huile de vidange, mais la forêt, le loup, et cette étrange odeur qui n’appartenait qu’à lui. Il glissa les mains sous mon tee-shirt et les remonta jusqu’à mon soutien-gorge. Les modèles sportifs s’ouvraient par le devant, mais je n’avais pas l’intention de le lui dire : cela aurait signifié que je prenais une part active dans ce qui se passait. Je voulais que cela vienne de lui, qu’il soit l’agresseur – une petite partie de moi, celle qui réussissait à ne pas devenir complètement liquide à son contact, se demandait pour quelle raison.
Non, décidément, je ne voulais pas abandonner mes propres responsabilités, décidai-je entre deux ronronnements. J’étais tout à fait prête à assumer mes envies – et le fait de permettre à ses mains tièdes et calleuses de parcourir ma chevelure était très clairement une invitation de ma part. J’adorais qu’on me caresse les cheveux. Non, me corrigeai-je intérieurement, j’aimais qu’Adam me caresse les cheveux.
Il me mordit la nuque et je gémis. »
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