Lamont ferme son parapluie d’un geste brusque et déboutonne son long imperméable noir en apercevant Win assis dans un canapé ancien qui semble aussi confortable qu’une planche de bois.
- J’espère que vous n’avez pas attendu trop longtemps, s’excuse-t-elle.
Si elle rechignait vraiment à le déranger, elle ne lui aurait pas ordonné de sauter dans le premier avion pour être ici à l’heure du dîner, l’obligeant à interrompre sa formation à l’Académie nationale de médecine légale et à perturber son existence, une fois de plus. Elle tient un sac en plastique portant le nom d’une boutique d’alcools.
- J’ai eu des réunions et ça roulait affreusement mal, donne-t-elle comme justification pour ses trois quarts d’heure de retard.
- En fait, je viens d’arriver.
Win se lève. Son costume est maculé de taches d’eau qui n’auraient pas eu le temps de former des auréoles s’il venait juste d’échapper à la pluie.
Lamont se débarrasse de son manteau. Difficile de ne pas remarquer ce qu’il y a en dessous. Quel dommage que Mère nature ait gaspillé tant de beauté pour cette femme ! Elle porte un nom français et elle ressemble à une Française, mystérieuse et exotique, sexy et irrésistible, dangereusement. Si la vie avait pris un tour différent, si Win était entré à Harvard, si Lamont n’était pas aussi déterminée et égoïste, sans doute qu’ils se seraient bien entendus et qu’ils auraient couché ensemble.