Patrick André (II)

Caleb, mon fils, si tu lis cette lettre, c'est que tout ne s'est pas passé comme prévu.

Il aligna avec méticulosité les photographies sur la table, comme un joueur de poker priant pour une quinte flush qui finit par se rendre compte qu'il ne possède qu'une misérable paire de deux.

Le type arborait une figure sans âge, burinée, à l'expression vide. Un crâne chauve ; une broussailleuse barbe noire ; une peau brûlée par le soleil, usée par les intempéries et encrassée par la pollution et la transpiration. Son nez, tordu de chez tordu, évoquait mille bagarres de rue ratées. Autour du nid de rides qu'était son œil gauche luisait une auréole jaunâtre.

Un coquelicot, qui avait fièrement percé le bitume, se dressait tel un point-virgule entre un arbre et un caddie naufragé.

Sam jeta un œil fané sur l'horloge de la planche de bord : L'insomniaque et fluorescente grande aiguille semblait sauter sans vergogne sur les minutes à chaque fois qu'il clignait des paupières.

Les globes des lampadaires apparaissaient puis disparaissaient dans le rétroviseur comme une double traînée trouble de lucioles orangées.

Alors la Coccinelle s'élança sur l'asphalte aussi noir que la nuit, traquant ses phares comme un infaillible fauve deux trop malignes proies.

LAMOUREU DE MA FAMME MA CASSER LA GEULE ET MA FOUTU DEUOR