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Citation de Azallee92


Armand Chattaz n'avait pas bougé. Le corps toujours aussi raide, calé contre le chambranle de bois, il se laissait envahir par les souvenirs. Une eau claire coulait en lui. Il regardait bien encore de temps à autre dans le lointain de la pièce, mais ses yeux revenaient sans cesse vers Camille. Cette femme avait de la magie dans la voix et une telle façon de prononcer les mots, de les offrir à ceux qui l'écoutaient qu'ils devenaient, sitôt prononcés, leurs proches, leurs confidents. Tous auraient aimé que cela dure longtemps comme la caresse d'une mère ou le murmure d'un amant.
La lecture se prolongea...Les vieux, eux, étaient revenus au temps d'avant quand tout était possible. Immobiles, ils écoutaient les mains en louche sur les genoux, laissant de temps à autre remonter un souvenir qui leur embuait les yeux avant d'aller se perdre dans le profond de leur mémoire.
Ils avaient tout vécu, tout souffert et enduré. Pourtant, ils n'avaient aucune rancœur envers cette vie simple et dure qui les avait nourris et leurs enfants à leur suite. Et puis, il y avait ce sentiment profond de ne jamais avoir failli. Quand d'aventure la force était venue à leur manquer, il y avait eu le coup de main du frère, du cousin ou du voisin. Lesquels étaient souvent les mêmes, tant les cousinages étaient nombreux et les généalogies longues comme des jours de noce.
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