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Citation de sonatem


     
ô du ciel tombaient des pétales & du ciel tombaient des fleurs pourpres & des corolles soyeuses évasives et limpides & dont la saveur fragile et blanche semblait pour toujours réclamer le filigrane de nos doigts & la solitude de mémoire dans le petit carré des vergers en friche au long de la route goudronnée & mais comme un vide déjà car partout l’herbe y voyageait en îles des cathédrales de jour & de sculpturales brindilles divaguées & qui semblaient appeler je ne sais quoi & la troublante beauté qui ne s’écrit pas & j’aimais le trouble éclatant des arbres au printemps & un vide élagué et la fragile épaule scripturale des vergers & j’aimais le rose pourpre et les premières venelles du froid & dans le tumulte divagué du vent & loin entre meules et cerisiers & blancheur éclatante des calices et corolles des pêchers & je trouvais de la magie sans contact dans ce creux d’éther diaphane & de rose clair incarnat des pétales & frêles folios constellés d’air pur & émerveillé qui regarde & une douceur confuse envahit les membres et enveloppe le corps d’un halo de lumière enfante & j’aimais les promenades minuscules au pied des arbres & qui raréfient les distances & le bonheur confiant de cette lumière qui épouse la creuse blancheur sensitive de contour quand le corps dessine un geste & nous résume avec limpidité au-dehors & j’aimais la lettre naissante de ce miraculeux contact de peur et joie sibylline diaphane avec les pétales & l’heure des livres posés dans l’herbe et les graminées claires qu’un vent d’or décline & tout ce trouble d’incarnation dans l’air qu’on n’ose à peine frôler des doigts & le frêle et transparent filigrane de merveille & qu’épelle mot à mot & lettre à lettre & un mince recueillement des syllabes & tout une genèse du vulnérable dans le fluide & et quelque énigme d’arcane ou d’ellipse & dans le corps et le ciel mystérieusement touchés sur terre & et le tendre recueil orphelin des branches de pâleur sauve & mysticité sûre & Qu’aimais-je (…)

La rumeur libre (l’air que l’on respire) et cette part la moins aliénable que chaque être porte au fond de soi
     
et qui se voit et qui s’entend au plus démuni de soi, au fond des yeux, du regard et de la voix
et dans le trop tard sombre incliné du visage, dans le clair recueil orphelin dispersé, de tant attendre
     
mais nous n’attendons plus rien
nous sommes sans espérance
nous sommes là
     
le monde semble créer un vide où le souffle épouse la forme, les contours, donne un nom aux choses par la seule éclaircie de cette rumeur libre

on ne pense à rien & aucune idée & aucune image & aucun mot & ne tiennent
     
les yeux ouverts et le bord du monde aimé jusqu’au vertige & à la fenêtre le bruit d’air bleu du ciel sur les tuiles & un vide tremble un peu de son frisson & de cette nature quasi saisissante du disparu & et doucement fléchie dans la lumière et le silence & le langage s’évide de la matière des vocables & et de cette patience d’écriture naît une énergie brève et fluide qu’il est impossible de nommer & mais simplement suivre
     
d’autres veulent raconter & lui commence par se taire & et de ce silence & par grandes coupoles sonores de vestiges & et pérennité du temps & s’élève la stance claire et spacieuse de la lettre vigile & qui restitue au monde son vertige infinie de chute arrêtée
     
c’est immaculé jusqu’au silence presque de blancheur, une vie derrière la vitre, et ce n’est rien que ce froissement sonore au creux du monde familier
     
puis n’est-ce pas cette peur en nous, poignante, bouleversée, que le langage se défasse, se disperse, s’ébruite en vain, qui nous ordonne simplement de témoigner, de répondre par l’écrit
     
une phrase me demeure fermée, obscure, douloureuse, d’une ténuité grise et fragile dans la durée, à mi voix murmurée et comme accolée en son principe de fond à une phrase parfaite & l’âme résumée seule
     
semblant demander seulement ‘Sois fidèle au nom qui fut donné’
alors on retourne à la chute et les blancs indiquent directement la patrie de l’esprit
     
Orestie du vent & trafiquée d’alarmes & de roses d’aubes pâles & de choses crayonnées seules & qui m’émeuvent à tel point & dans l’astre du jour rayonnant
     
     
(La rumeur libre, pp. 196-199).
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