AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de London16


Antoine Rambaud, mon arrière-arrière-grand-père, avait treize ans lorsque Napoléon campait à Moscou. Qu'en a-t-il pensé? En a-t-il pensé quelque chose? Que disait-on dans sa famille lyonnaise? Saura-t-on jamais à quoi nous avons rêvé, comment nous avons vécu, si nous aimions les chœurs cisterciens, les iris et le canard à la pékinoise ?

Saura-t-on nos fatigues, nos joies? Nos colères? Il n'en restera que quelques aveux, de la mousse. Que raconte le fémur de ce Mérovingien? Que nous évoquent ces débris de plat à barbe? Comment vivait-on dans les cavernes, le soir, après la chasse à l'auroch? Le savant s'interroge, il livre son verdict bientôt contrarié par un autre savant? Allons, nous n'entrerons jamais sous le crâne de nos ancêtres, nous parvenons à peine à connaitre leur apparence. Paul Morand le savait: "Ceux qui nous suivront seront heureux de nous imaginer tels que nous n'avons jamais été". Dans l'une de ses plaquettes jubilatoires, le Collège de pataphysique donne sa réponse: "L'imaginaire seul attire les foules vers les champs de betteraves de Waterloo." Or, l'imaginaire ne relève pas de l'Université, mais de la légende et du roman. Les mousquetaires? C'est à jamais Dumas. La jungle c'est Conrad. L'aiguille creuse d'Etretat appartient à Maurice Leblanc et la route de Trouville à Flaubert, Le brouillard de Londres, les cabs, c'est Conan Doyle ; d’ailleurs, Sherlock Holmes reçoit encore du courrier au 221b Baker Street, désormais un immeuble carré et disgracieux. L'histoire n'est pas une science exacte, elle divague, il faut la laisser aux rêveurs qui la recomposent d'instinct.
Commenter  J’apprécie          120





Ont apprécié cette citation (6)voir plus




{* *}