Tout ce qui avait un moteur et des roues m’était passé entre les mains. Nice-Ankara, Ankara-Téhéran, seul au volant de trente-huit tonnes de camelote dont je ne savais pas toujours la nature ni la provenance, Amsterdam et Bruxelles traversées quand la pluie vous colle la nuit contre les vitres, la cabine pleine de fumée et de musique et le tube de Fringanor comme unique occupant du siège d’à côté. Des milliers de kilomètres de solitude un peu hautaine parce que le ruban de bitume ou de tôle ondulée n’appartient qu’à celui qui a le pouvoir de maîtriser la course. Toutes les courses.