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Citation de DavidG75


Avec un trou à la place du corps, un corps sans douleur, fait de transparence, elle rejoignait son homme, le souffle court, inaudible voix des revenants, sa dernière phrase restée à jamais hors d’atteinte dans la bâtisse des rêves et des nuits en prose. Sous le hangar, le vent tournait à cause de la pluie qui rôdait, son père ravaudait le trémail. Rien ne semblait pouvoir le distraire. Tout en suivant des yeux chacun de ses gestes, Milena debout, jambes serrées, bien droite avec ses huit ans, lançait des balles contre le mur de la remise, Am, Stram, Gram. Le meilleur de son enfance débutait le jeudi par un jonglage à trois balles. Puis elle courait, traçait un dessin à la craie devant les marches, démarrait à la case Terre en équilibre sur une jambe, sautait... un, deux, trois, à cloche-pied, sept, huit, à pieds joints dans la respiration du ciel. Dans un bleu marelle où la terre avait des couleurs qui fondaient dans la grande étuve de l’amour. Dans son sommeil, elle murmura : « Vous tenir dans mes bras. » Sa mère ramassait les œufs qu’elle déposait dans un panier, son éternelle machorka aux lèvres, avec la fumée qui lui piquait les yeux. Une muraille d’eau vint se jeter contre les hublots, les vagues torturaient ses rêves. Elle sursauta en ouvrant les yeux, le visage comme sorti d’un naufrage, comme poussée sur une chaloupe. Elle se retourna brusquement. Hosanna in excelsis, in excelsis ! Le berceau d’osier se détachait dans la nuit, pareil à la colombe de Noé au milieu du déluge. Sarah était déjà son soleil, sa planète, sa terre et son île. La seule promesse dans le froid de sa solitude.
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