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Citation de kathel


kathel
15 septembre 2010
C’est au printemps 1967 que je lui ai serré la main pour la première fois. J’étais alors étudiant en deuxième année à Columbia, gamin ignorant affamé de livres et pétri de la conviction (ou de l’illusion) que je deviendrais un jour assez bon pour me dire poète et, parce que je lisais de la poésie, j’avais déjà rencontré dans l’enfer de Dante son homonyme, un mort qui traîne ses basques dans les derniers vers du vingt-huitième chant de L’Enfer : Bertran de Born, poète provençal du XIIe siècle, tenant par les cheveux sa tête coupée qu’il balance d’avant en arrière comme une lanterne – assurément l’une des images les plus monstrueuses de ce livre qui est, d’un bout à l’autre, un catalogue d’hallucinations et de tourments. Défenseur convaincu de l’écrivain qu’avait été de Born, Dante l’a néanmoins voué à la damnation éternelle pour avoir conseillé au prince Henri Plantagenêt de se révolter contre son père, le roi Henri II, et puisque de Born avait provoqué la séparation entre père et fils, faisant d’eux des ennemis, l’ingénieux châtiment imaginé par Dante consistait à séparer de Born de lui-même. D’où le corps décapité gémissant dans l’au-delà, qui demande au voyageur florentin s’il peut exister douleur plus terrible que la sienne.
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