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Citation de Cannetille


Après que Baumgartner a rêvé ce rêve, quelque chose commence à changer en lui. Il a parfaitement conscience que le téléphone déconnecté n’a pas sonné, qu’il n’a pas entendu la voix d’Anna, que les morts ne continuent pas à vivre dans un état de non-existence consciente, et pourtant, tout irréel qu’ait été le contenu du rêve, il en a fait l’expérience réelle, et les choses qu’il a vécues dans son sommeil cette nuit-là n’ont pas disparu de ses pensées comme le font la plupart des rêves. Six jours se sont écoulés depuis. C’est court, néanmoins Baumgartner a le sentiment d’avoir été précipité dans un nouvel espace intérieur, et que les circonstances de sa vie ont été modifiées. Il n’est plus prisonnier d’un caveau sans fenêtre mais se trouve quelque part à la surface du sol, toujours coincé dans une pièce, peut-être, mais au moins celle-là a une fenêtre à barreaux en haut du mur extérieur, ce qui signifie que la lumière s’y répand pendant la journée, et s’il s’allonge sur le sol et place la tête selon le bon angle, il peut regarder les nuages en l’air et en étudier le cours dans le ciel. Tel est le pouvoir de l’imagination, se dit-il. Ou, tout simplement, le pouvoir des rêves. De la même façon qu’une personne peut être transformée par les événements imaginaires narrés dans une œuvre de fiction, Baumgartner a été transformé par l’histoire qu’il s’est racontée en rêve. Et si la pièce jadis sans fenêtre en a une à présent, qui sait si un jour ne viendra pas, dans un avenir proche, où les barreaux auront disparu et où il pourra enfin, en se traînant, sortir à l’air libre.
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