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Citation de Charybde2


Sur le visage de Griffier poussait une grosse verrue. Il ne la faisait pas opérer : il estimait qu’elle ajoutait une note originale à son faciès mou, informe, qu’on eût dit moulé dans la cire et oublié au soleil. Auparavant, il haïssait jusqu’à son ombre. Et un jour, la verrue était venue se planter là, comme le drapeau de quelque victoire intérieure, et l’avait réconcilié avec lui-même. Il l’avait apprivoisée, elle s’était lovée sur sa narine gauche comme un animal au fond d’un panier confortable. Griffier imaginait l’intérieur de la boule de graisses : tapissée de muqueuses congestionnées, elle contenait peut-être quelque vie inconnue ? Il se la représentait grouillant de germes malsains. Quoiqu’il n’en parlât à personne au bureau, il aimait à employer devant les collègues des formules à double sens qui la désignaient directement : « Ces derniers temps, le phénomène a pris beaucoup d’ampleur… », phrases banales pour tous sauf pour lui. Au fond, il avait peur.
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