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Citation de Dixie39


Devenir semblables à ses "haches", - les haches que sont les paroles que le poète, veillant dans la nuit comme dans les années, peut tourner contre ses bourreaux, contre ceux qui ont, eux, abattu les troncs, les cadavres dans l'ombre desquels il a à vivre - définit comme on voit une position douloureuse mais nécessaire, d'autant plus difficile à tenir qu'elle a à s'établir entre le "faste", l'abondance et l'éclat de "ce qui est tu" et la pauvreté des mots. Celan n'emploie et n'emploiera jamais des mots comme la shoah ou l'holocauste. Sans doute pensait-il que l'écart entre (la faiblesse de) ces mots et l'horreur du génocide était trop important. La shoah, chez lui, c'est "was geschah", "ce qui s'est passé". Ici, aussi simplement, "das Verschwiegene", ce qui est tu, ce qui est passé sous silence. Le poème doit dire, mais il ne peut dire. S'il ne parle pas, il laisse les victimes à l'oubli et, par là, fait comme si les forces de mort n'étaient plus à l’œuvre. S'il parle, il trahit ou risque de trahir. "Quelque parole que tu prononces, tu la dois à la perdition" dit un autre poème. On comprend que, dans ces conditions, la poétique du recueil devienne une poétique du paradoxe ou, tout au moins, de la simultanéité des contraires, comme l'exprime, de la manière la plus directe, le vers du poème en forme d'art poétique "Sprich auch du" :
"Parle -
Mais ne sépare pas le Oui et le Non."
Présentation - Paul Celan, de John E. Jackson
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