Paul Cleave

Ce Noël en question, j'ai offert un chaton à ma mère. Il était noir et blanc, un chaton de sept semaines que j'avais eu auprès d'un camarade d'école dont la chatte avait eu une portée. Je l'avais échangé contre un magazine. Le gamin n'en avait pas parlé à ses parents et je n'avais rien dit à mon père. Si nous l'avions fait, les choses se seraient passées très différemment. Je n'ai jamais oublié l'expression sur le visage de ma mère quand elle a découvert le petit chat : son expression de Noël, celle où elle retrousse les lèvres avec un violent mépris et où ses dents pointent en avant comme des dents de requin. Ses yeux sont si exorbités que plus rien ne semble les retenir. C'est le genre d'expression qu'elle a quand elle vient de passer en revue ses pires cauchemars et s'aperçoit que chacun est en passe de devenir réalité. Ma mère n'a jamais aimé le chaton. Au début, j'ai cru que ça signifiait qu'elle était mauvaise, sans coeur, car tout le monde aime les chatons, absolument tout le monde. Il s'est avéré que ce n'est pas tellement que ma mère n'aime pas les chatons, mais plutôt qu'elle n'aimait pas les chatons morts, surtout quand ils avaient passé une semaine dans une boîte en carton enveloppée dans du papier cadeau avec du ruban tout autour. Mais à huit ans, je n'étais pas devin