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Citation de AuroraeLibri


Il y avait cependant un moyen de refaire l'histoire : par l'érudition. Tout un peuple d'érudits travaillait, appliqué à d'ingrates besognes ; à éditer des textes, à déchiffrer des documents, à gratter des pierres, à frotter des monnaies. Tout un petit peuple courageux, passionné ; une fourmilière, qui avait ses artisans et même ses guerriers. De bons ouvriers, amoureux des rudes besognes, cherchaient à établir des certitudes, importantes ou menues, mais inébranlables ; et sans interprétations hâtives, sans préjugés, sans art déformateur, à exhumer des matériaux solides, acquis pour toujours. Ils s'appelaient Francesco Bianchini, qui demandait à l'archéologie les données certaines que n'offraient pas les textes ; Richard Bentley, le master de Trinity College, le conservateur de la Bibliothèque royale, le maître des études classiques, esprit d'une incomparable vigueur ; Pufendorf, qui savait bien la valeur des archives ; Leibniz. Celui-ci s'enferme dans les bibliothèques, cherche les vieux parchemins, se plaît à les recopier lui-même, ordonnances royales ou rapports diplomatiques ; il estime qu'un code de relations internationales doit s'appuyer sur des actes authentiques, déclarations de guerres, traités de paix, et autres pièces, et non pas sur des phrases. Bibliothécaire du duc de Brunswick, il entreprend d'écrire l'histoire de la dynastie régnante ; et après une longue attente, il publie un gros volume, puis deux autres, qui ne répondent pas au goût du jour, et qui sont bourrés de documents puisés aux bonnes sources. A ceux qui s'étonnent autour de lui, il ne craint pas de dire qu'il a fait œuvre plus utile que s'il s'était livré à des développements de rhétorique ; qu'on n'a jamais rien vu de pareil à son ouvrage ; qu'il a projeté une lumière nouvelle sur des siècles couverts d'une obscurité effrayante, levé beaucoup d'incertitudes et réformé beaucoup d'erreurs.

Première partie. Les grands changements psychologiques
Chapitre 2. De l'ancien au moderne
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