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Critiques de Paul Perrin (6)
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Spectaculaire Second empire

Historiquement, j'ai longtemps été assez creuse concernant mes connaissances de ce régime politique assez mal aimé et qui s'est terminé avec la débandade française de Sedan, la victoire de la coalition allemande et un empereur déchu, exilé et malade.



Suivra ensuite une catastrophique période d'instabilité avec la Commune de Paris, sa répression sanglante, ses morts et ses destructions dans la capitale. Cette ombre mortifère aurait-elle jeté un voile d'oubli sur le « spectaculaire » Second Empire ?



La France sortait pourtant d'années fastes de stabilité politique, propice à une prospérité économique sans pareille. L'exposition du Musée d'Orsay, par une magnifique scénographie, nous fait traverser le miroir, retrouver les ors et les couleurs chatoyantes de l'Empire, la bourgeoise triomphante, le narcissisme d'une société décomplexée qui brasse des affaires, qui fait marcher le commerce et les artisans, qui aime l'argent, le faste et le paraître.



Tout semble y être ostentatoire : la mise en scène du couple royal, les fêtes et cérémonies, l'architecture et les arts décoratifs, les demeures fastueuses néogothiques, néo-orientalistes ou aux couleurs flamboyantes des villas romaines récemment découvertes. Chacun veut son portrait ou s'amuse à cette nouvelle photographie. C'est un bouillonnement de créations, d'idées nouvelles, une vie « moderne » où les loisirs trouvent leur place, où on s'affiche à l'Opéra, au Bois, à la plage, où on s'affronte entre partisans de deux salons de peinture, l'officiel et le « refusé ».



Le second Empire a été un brassage de modes et d'énergie sous un empereur moderniste.

Paris en a changé de visage, nous laissant en patrimoine des églises, un magnifique opéra et une ville sortie du Moyen Age.



Visitez l'exposition d'Orsay si vous le pouvez. A défaut, le livre dédié remplace ou prolonge le plaisir.

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Degas, un peintre impressionniste ?

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La question est d'importance : Degas était-il un peintre impressionniste ?



— Que fut l'impressionnisme ?

Au début des années 1870, un mouvement artistique allait devenir la plus grande révolution artistique de l'histoire de la peinture et les noms de leurs membres allaient rester dans l'histoire de l'art : Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Morisot, Cézanne…

Des caractéristiques communes rapprochaient ces artistes : touche libre sur le motif, peinture claire, vibrations atmosphériques.

Leurs personnalités étaient fort différentes. Comment comparer des toiles qui figuraient ensemble lors de la première exposition impressionniste de 1874 : une peinture douteuse et ludique de Cézanne appelé « le Rêve du célibataire » jouxtait le délicat « Berceau » de Berthe Morisot…



Parmi tous ces peintres avant-gardistes, se trouvait un curieux personnage : Edgar Degas…



— « Faites des lignes… Beaucoup de lignes, soit d'après le souvenir, soit d'après nature » - Jean-Auguste-Dominique Ingres

Grand admirateur d'Ingres, Degas avait fait des études classiques et passé de longues heures à copier les maîtres anciens au Louvre, et en Italie. le dessin primait sur la couleur.

Solidaire de ses amis impressionnistes, sa démarche était tout autre. Son aspiration unique : exprimer un mouvement qui n'efface pas la ligne. Selon lui, être moderne ne revenait pas à abandonner la forme et la dissoudre comme le faisaient ses amis Monet, Pissarro ou Sisley.



— « Il vous faut la vie naturelle, à moi la vie factice ». « On devrait fusiller les peintres qui plantent leur chevalet en plein air » - Edgar Degas

Pour Degas, le paysage n'était vraiment pas son truc ! Notre homme ne supportait pas la peinture en plein air. Il s'essaya bien à faire quelques paysages. A l'observation de la nature, il opposait l'exercice de la mémoire et l'imagination uniquement en atelier.



— « On m'appelle le peintre des Danseuses. On ne comprend pas que la danse a été pour moi un prétexte à peindre de jolies étoffes et à rendre des mouvements »

« Pionnier des impressionnistes de la nuit » qualifiait-on Degas. Ce qu'il aimait le plus : les rampes artificielles éclairées des théâtres, des cafés-concerts, des beuglants, du cirque, des boudoirs discrets des maisons closes. Il ne cessait de croquer des danseuses en mouvement dans des scènes de ballets parisiens. Il les traquait, les capturait partout.

Les pastels de Degas, des feux d'artifice ! Ce procédé, par sa texture lumineuse, son velouté, son onctuosité, ses couleurs chatoyantes, comblait ses besoins d'émotion et de rapidité.

Le peintre raffolait également de la représentation des femmes du peuple et leurs petits métiers : blanchisseuses, repasseuses, modistes, femmes nues couchées dans leur intimité. « Il a eu de la chance, ce Rembrandt ! Il peignait des « Suzanne au bain » ; moi, je peins des femmes au tub ».



— « Nul animal ne tient de la première danseuse, de l'étoile du corps de ballet, comme un pur sang en parfait équilibre, que la main de celui qui le monte semble tenir suspendu, et qui s'avance au petit pas en plein soleil » - Paul Valery

Le thème du cheval va revenir constamment chez Degas. Les mouvements des chevaux apportaient une spontanéité dont le style pouvait s'approcher parfois de la touche impressionniste malgré le fait que les chevaux étaient peints en atelier.



— « Plus j'ai vieilli, plus je me suis rendu compte que pour arriver à une exactitude si parfaite qu'elle donne la sensation de vie, il faut recourir aux trois dimensions » - Edgar Degas

Beaucoup ne comprirent pas sa sculpture de la « Petite danseuse de quatorze ans ». Des sculptures modelées à la cire lui servaient d'études pour ses pastels de danseuses et baigneuses. Les impressionnistes étaient attachés à la fugacité des choses ; lui, recherchait la forme, héritée des grandes traditions antiques, et détonnait parmi ses amis.



— Alors… Degas était-il un peintre impressionniste ?

Degas affirmait avec bon sens : « Cela ne signifie rien l'impressionnisme. Tout artiste consciencieux a toujours traduit ses impressions ».

Il concevait la peinture comme une construction intellectuelle et se sentait totalement étranger aux tentatives de ses confrères et amis impressionnistes de jeter des impressions sur la toile et recueillir la vibration de l'éphémère.

Il n'était donc pas un impressionniste !... Pourtant, il arrivait parfois à des résultats peu éloignés de ceux de Monet ? : recherche de couleurs claires, dissolution des formes dans la lumière des projecteurs, effets spontanés.

À la fin de leur vie, Degas et Monet, avec une vue déficiente tous les deux, se rapprocheront dans leurs derniers travaux proches de l'abstraction. Devant « Les Nymphéas » de Monet, Degas s'exclame : « Vos tableaux me donnent le vertige. » Ces deux grands peintres inspireront les nouvelles générations s'engageant dans l'art moderne du début du 20e siècle.



Edgar Degas reste le personnage le plus mystérieux de l'aventure impressionniste : « Heureusement que moi je n'ai jamais trouvé ma manière, ce que je m'embêterais », avait-il lancé un jour. « J'ai passé toute ma vie à essayer »



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Frédéric Bazille (1841-1870) : La jeunesse de..

C'est en effet un bien jeune peintre à qui le musée d'Orsay rend hommage en cet hiver 2016/2017*.

Un homme au talent prometteur et qui aurait mérité, comme d'autres plus connus, la reconnaissance du public attaché à la peinture impressionniste.



Malheureusement son engagement volontaire dans la guerre de 1870 le destinait à tomber parmi les premiers dans les combats de Beaune-la-Rolande. Il avait 28 ans. Quels succès sa peinture aurait-elle obtenus? On peut imaginer un rayonnement fameux quand on constate le talent déjà présent dans son travail sur une simple décennie.



L'exposition est légitime pour découvrir l'artiste, d'autant que son œuvre est quasi au complet dans cette rétrospective (il semble qu'il ne manque que 4 tableaux). On découvre l'homme fidèle en amitié avec Degas, Renoir et Sisley, la vie en atelier où son aisance financière sauve la mise à un bon nombre de camarades désargentés. On change de siècle avec ses portraits familiaux, son attachement aux paysages de ses racines languedociennes. On le voit évoluer vers la peinture de nus académiques, de décors de fleurs en pleine vogue, puis la peinture historique et biblique.



L'histoire s'arrête là.

Son œuvre fut oubliée puis redécouverte pour notre plus grand plaisir.



*Jusqu’au 5 mars 2017

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Frédéric Bazille (1841-1870) : La jeunesse de..

Passionnant...

Un peintre mort à 29 ans, l'un des précurseurs de l'impressionnisme, des oeuvres d'une beauté formelle souvent stupéfiante...Voici un beau livre vraiment captivant. Il mérite tout d'abord parfaitement l'appellation de beau livre car il est très bien édité, avec des belles reproductions, une belle typographie, des fac-similés de lettres. C'est à la fois beau et touchant car le destin de ce peintre mort le fusil à la main durant la guerre de 1870 est plutôt poignant.

Son oeuvre apparaît de plus très variée, entre portraits de familles, scènes de genre, nature morte, orientalisme, paysages surtout sans doute compte tenu des liens qu'on lui prête désormais avec les fondateurs de l'impressionnisme. Une oeuvre ancrée à Montpellier d'où cette exposition et son catalogue ici présent.

J'ai été très séduit par cette oeuvre et par ce livre qui passionnera les amateurs d'art français aux XIXème siècle, et qui appartient à la crème des catalogues d'expo inégalement réussis il faut le reconnaitre. Les commentaires enfin, il faut le souligner, sont réellement intéressants et pas pédants, une fois n'est pas coutume...
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Frédéric Bazille (1841-1870) : La jeunesse de..

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James McNeill Whistler (1834-1903)

Catalogue d'une sois disant expo qui consiste en 5 tableaux et quelques eaux-fortes, du vrai foutage de gueule ! Certes les tableaux sont remarquables, mais attiré le chaland avec ce petit peu... Heureusement, le livre rattrape cette farce, car il est assez complet et bien écrit pour une brève bio. Donc, mieux vaut le lire que de se déplacer à moins d'être fan absolu, évidemment de ce grand peintre.
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