Mon métier de journaliste et d’auteur consiste à explorer tous azimuts. À traquer la vérité sans la travestir. À écouter ce que les gens ont à dire, de comprendre, ne pas mentir. Avait-il expliqué ainsi à l’assemblée son point de vue formaliste des écrivains, pour la mettre en confiance. Il n’était pas dupe, il savait bien que certains n’étaient intéressés que par les consommations gratuites.Le deal était simple : de vingt heures à vingt-trois heures, par séances d’une dizaine de personnes par soirée, l’écrivain lançait un mot, une expression, un fait de société, ou un évènement produit dans la journée. Chacun, avec son prisme, donnait son point de vue, son interprétation, son approbation ou sa désapprobation, sa compréhension ou son incompréhension, son jugement... un quart d’heure maxi par sujet. Si ça déraillait, on en changeait immédiatement. Fabrizio enregistrait les échanges avec l’accord des participants. Il était entendu qu’aucun nom de famille ni indice d’identification ne serait prononcé ni divulgué.
Elle avait passé une des nuits les plus incroyables de sa vie, toute de passion et de tendresse, de douceur et de sueur. Une complicité inexplicable, une compatibilité immédiate, le coup de foudre absolu.Elle ne voulut pas attendre davantage pour lui montrer la nouvelle tendresse dont elle était submergée et lui embrassa longuement le front. Il ouvrit les yeux, la regarda tendrement lui souriant. Ils restèrent un long moment enlacés et silencieux. Elle repensa à ce court glissement qui les avait conduits jusqu’à son lit. Le désir fut leur premier langage, exprimé sans ambages, perceptible dans le moindre geste, le moindre regard. Ils n’avaient pas pris le temps d’honorer les codes de la respectabilité amoureuse, d’écrire leur propre carte du tendre.
Impossible de lui donner un âge. Son immense bouche était badigeonnée d’un rouge à lèvres carmin, de faux-cils épais, un chignon noir corbeau. Et des seins... protubérances monstrueuses débordant d’un bustier blanc, une poitrine qu’il estimait dans le 110/E. – enfin, croyait-il ! – Il en avait rarement vu d’aussi généreuses !Depuis quelques jeudis soir déjà, il privatisait l’endroit et offrait un open-bar aux invités. L’auditoire y était particulièrement hétéroclite : des piliers de comptoir professionnels, des gigolos, des ivrognés, des loqueteux, des demi-sel du périphérique, des retraités des facultés venus s’encanailler, de jeunes débarbotés à lunettes... leur point commun : tous demeuraient dans l’arrondissement.
Naguère, les partenaires s’unissaient pour faire le couple de “l’homme”, celui qui suivait les édits de la société des patriarches. Il allait de soi qu’une femme renonça à son individualité, c’est-à-dire ses goûts, ses ambitions et sa créativité, pour élever des enfants. Mais voilà, à partir du moment où de nombreuses femmes se sont mises à refuser cet état de fait, le couple allait nécessairement être plongé dans la crise, car nous ne possédons pas de modèle historique nous inspirant une façon de vivre à deux tout en demeurant chacun une personne complète et autonome. » Enfin en ce qui me concerne, je ne le possède pas ce modèle !
Une entreprise de fou, tout est déjà en charpie; tout s'embrume, se déforme... écrire, c'est la lumière et la pénombre dans la confusion du doute! Écrire, c'est pouvoir hurler sa peine, ses maux, sa révolte; sans faire de bruit!
L’élégance, l’éducation, le souci de lui plaire allaient à l’encontre de quelque chose en elle qui exigeait d’être fracturée, soumise, domptée sans appel, pour que sa chair s’épanouît.Ce désir – là, massif, cynique et pur, elle ne l’avait jamais ressenti, si ce n’était chez cet homme qu’elle venait de rencontrer et qui l’avait poursuivie dans ses rêves. Chez celui qu’elle avait vu franchir le seuil de son appartement, son sanctuaire jusque-là préservé de quelque intrusion que ce soit et l’avait porté dans son lit dont les draps n’avaient encore jamais connu l’odeur d’un homme.
L’écriture est l’art qui touche au plus profond la vérité des sentiments humains.
Pouvait-elle qualifier son activité de métier ? Pourquoi pas somme toute ! Aujourd’hui, elle correspondait davantage à ce que l’on appelle une call-girl. Une pute qui aurait eu une promotion en acquérant son indépendance. Une multicarte du sexe à l’offre variée : prestations physiques dans des hôtels de luxe ou aux domiciles privés de personnalités pour des parties fines, séances de hard vidéo... elle considérait que l’adultère était un régulateur social, une conduite essentielle au bien-être. Dorénavant, elle proposait du cul haut de gamme, du cul distingué pour VIP.
Après chaque feu d’artifice de l’orgasme qu’elle lui procurait, il se sentait envahi d’une tristesse post-coïtum quand il retrouvait les dimensions de l’abandon. Il eût voulu que son corps se laisse durcir encore et encore sans retenue et qu’elle l’engloutisse avec habileté et gourmandise comme s’il était sa propriété. Dorénavant, ce qui lui importait c’était qu’il puisse sans cesse obtenir son attention, la surprendre ou la faire rire. Il en était tout à fait capable, à condition de surmonter ce trouble inattendu, surprenant, qu’elle lui inspirait.
Toute autorité d’un individu sur un autre est une usurpation divine !