Je vous déclare tout d’abord que le nom seul de l’Esthétique m’a toujours véritablement émerveillé, et qu’il produit encore sur moi un effet d’éblouissement, si ce n’est d’intimidation. Il me fait hésiter l’esprit entre l’idée étrangement séduisante d’une « Science du Beau », qui, d’une part, nous ferait discerner à coup sûr ce qu’il faut aimer, ce qu’il faut haïr, ce qu’il faut acclamer, ce qu’il faut détruire ; et qui, d’autre part, nous enseignerait à produire, à coup sûr, des oeuvres d’art d’une incontestable valeur ; et en regard de cette première idée, l’idée d’une « Science des Sensations », non moins séduisante, et peut-être encore plus séduisante que la première.