Paul Verne

Après Hier et demain, je poursuis ma découverte des nouvelles de Jules Verne avec la lecture d'un second recueil intitulé Docteur Ox. Il contient quatre nouvelles de l'auteur, ainsi qu'un texte écrit par Paul Verne, son frère.



- Une fantaisie du docteur Ox :

Il ne se passe jamais rien d'extraordinaire à Quinquendone, petit village des Flandres, et cela convient parfaitement à ses habitants, qui sont parmi les plus flegmatiques au monde. Il ne se passe jamais rien... jusqu'à l'arrivée du mystérieux docteur Ox qui s'est proposé pour installer, à ses frais, l'éclairage au gaz dans tout le village.

La description des quiquendonais, tellement mous qu'on a envie de leur botter le train pour les remuer un peu, est très drôle, mais la nouvelle est un peu trop longue à mon goût. de plus, le suspens est mal géré, Jules Verne éventant la surprise finale presque dès les premières pages.



- Maître Zacharius ou l'Horloger qui avait perdu son âme :

De beaucoup ma nouvelle préférée du recueil. Il s'agit de l'histoire d'un horloger de renom dont les horloge se dérèglent mystérieusement les unes après les autres. La nouvelle est du registre fantastique, on peut même dire gothique, ce qui est très inhabituel pour l'auteur et je trouve que l'exercice est brillamment réussi. le rythme est bon, la tension montant progressivement, jusqu'à un beau final.

Un vrai travail d'horloger !



- Un drame dans les airs :

Alors que le ballon du narrateur décolle tout juste du sol, un passager surprise s'invite au voyage...

Une nouvelle un peu bizarre. Il s'agit essentiellement d'un quasi monologue du clandestin qui nous raconte l'histoire de l'aérostation. La nouvelle fait une vingtaine de pages, mais si on retire les passages pédagogiques, il ne doit rester, a vue de nez, que trois ou quatre pages pour l'intrigue elle-même. Qui n'est pas franchement terrible, qui plus est. Bref, c'est instructif, mais c'est tout.



- Un hivernage dans les glaces :

Louis Cornbutte devait se marier dès son retour à Dunkerque, après une campagne de pêche en océan Arctique. Mais le bateau rentre au port sans son capitaine. Alors qu'il tentait de porter secours à un navire en détresse, la chaloupe de Louis est emportée dans un maëlstrom. Convaincus que son fils n'est pas mort, le père de Louis et sa fiancée montent une expédition de secours.

Bien que l'histoire soit différente, on peut considérer cette nouvelle comme un prototype de Voyages et aventures du capitaine Hatteras. En effet, Jules Verne y reprendra beaucoup de péripéties pour les inclure dans son roman.

Contrairement à la première nouvelle que j'ai trouvée trop longue, j'ai trouvé celle-ci trop courte. Je comprend que Jules Verne ait ressenti le besoin d'écrire un roman tant l'océan Arctique est un superbe décor, riche en possibilités ! C'est une excellente nouvelle, tout à fait représentative du style vernien.



- Quarantième ascension française au mont Blanc :

Ce texte a été écrit par Paul Verne, le frère de Jules Verne. Il raconte son ascension du mont Blanc, en compagnie d'un ami et de plusieurs guides, en 1871. Paul Verne n'a malheureusement pas le talent de son frère pour captiver le lecteur. L'ascension est racontée de façon assez factuelle. le texte est malgré tout intéressant car les conditions d'une telle expédition il y a cent cinquante ans, étaient bien différentes d'aujourd'hui. Les conditions de sécurité, notamment, étaient bien plus précaires !



J'ai trouvé ce recueil d'une qualité assez inégale, mais les nouvelles "Un hivernage dans les glaces" et, surtout, "Maître Zacharius" sont excellentes et justifient à elles seules la lecture de l'ouvrage.
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Récupéré dans une boite à livres, ce recueil de nouvelles s'est révélé plein de surprises; une bonne dose de fantasque et de fantastique, de l'aventure (dans les airs et sur les glaces), quatre histoires savoureuses et extraordinaires ! A découvrir assurément 🙂

Si Jules Verne est célèbre par ses romans qui ont fait le tour du monde et conquis plusieurs générations, il est aussi l’auteur d’un certain nombre de nouvelles et courts récits, réunis en deux recueils du vivant de l’auteur, et plusieurs inédits édités de façon posthume. Les « Voyages extraordinaires » seraient incomplets si l’on n’y incluait pas « Le Docteur Ox » et « Hier et demain », qui regroupent au total une dizaine de nouvelles, dont certaines font partie du corpus vernien de base.

« Le docteur Ox », paru en 1874, regroupait initialement cinq nouvelles écrites antérieurement : « Une fantaisie du docteur Ox » (1872), « Maître Zacharius ou l’horloger qui avait vendu son âme » (1854), « Un hivernage dans les glaces » (1855) et « Un drame dans les airs » (1851). La cinquième nouvelle « Quarantième ascension française au mont Blanc », signée Paul Verne, le frère de Jules, a été retirée du recueil.

La première nouvelle, qui donne le nom au recueil, est comme le titre l’indique, hautement « fantaisiste », pour ne pas dire carrément loufoque : Dans le paisible village de Quiquendone (Belgique actuelle), un savant fou, le docteur Ox et son assistant Ygène, (d’où l’association Ox-Ygène) envisagent un éclairage oxy-hydrique qui a la propriété de rendre les gens agressifs. Et c’est ainsi que la guerre a commencé.

« Maître Zacharius » change totalement de registre. Il s’agit d’une nouvelle fantastique à la manière d’Edgar Poe, et encore plus d’E.T.A. Hoffmann, deux auteurs qu’admirait Jules Verne : Toutes les horloges de Zacharius tombent en panne. Désespéré, il fait un pacte avec le Diable en lui donnant sa fille en mariage, mais il meurt juste avant.

« Un hivernage dans les glaces » ou le campement forcé d’une troupe de naufragés sur la banquise, préfigure des épisodes repris dans « Les aventures du Capitaine Hatteras »

Enfin, « Un drame dans les airs », lui, préfigure « Cinq semaines en ballon ».

Les deux premières nouvelles sont les plus importantes, elles illustrent à merveille deux faces de Jules Verne : la fantaisie et le fantastique. Nous sommes encore en 1874, et l’ombre du pessimisme qui plombera l’œuvre de l’auteur dans ses dernières années, n’est pas encore là. Le docteur Ox en particulier, mélange à la fois fantaisie loufoque et burlesque (quoiqu’inquiétante, si on s’en tient purement à l’idée de base), et science, puisque nous avons ici un de ces savants fous (parfois inoffensifs et parfois dangereux) que l’auteur affectionne. Pour donner une idée du « ton » de l’œuvre, il suffit de souligner que Jacques Offenbach en a tiré un opéra-bouffe en trois actes, intitulé « Le docteur Ox ». « Maître Zacharius » se situe à l’opposé du « Docteur Ox » : on peut y voir en filigrane quelques thèmes, quelques fils rouges fantastiques qui alimenteront des œuvres futures comme « Le Château des Carpathes » ou « Le Secret de Wilhelm Storitz » …

Si vous êtes un Vernophile accompli, vous connaissez déjà ces ouvrages. Si vous ne l’êtes pas (ou pas encore), il faut les lire pour comprendre l’étendue du talent de l’auteur : la nouvelle est un genre différent du roman, qui demande un certain sens de l’écriture qui n’est pas donné à tout le monde : ceux qui savent le faire sont forcément de grands écrivains.

Cette vision du scientifique "farceur" m'a beaucoup amusée. Fantaisie et humour sont les maîtres mots de ce petit roman acidulé!! A lire pour redécouvrir Jules Verne

Un recueil de nouvelles très variées qui ne manque pas de piquant ni d’intérêt.

Une fantaisie du docteur Ox :

Une nouvelle étonnante de la part de Jules Verne, dont le sérieux des écrits n’est pas à démontrer. Le ton de la comédie nous prend au dépourvu. Rien que le nom de la ville où se déroule l’expérience du docteur Ox est une farce : Quiquendone ! L’histoire en elle-même est sans surprise, si ce n’est que le flegme des habitants de ce bourg flamand va en prendre un sacré coup. Sous le prétexte d’un fond un tant soit peu scientifique, nous devinons facilement où l’auteur veut en venir, et le pire, c’est qu’il en est conscient ! Mais le but est atteint : J’ai souri, j’ai aimé.

Maître Zacharius :

Sans doute la nouvelle fantastique la plus sombre, la plus ésotérique que Jules Verne n’ait jamais écrite. La symbiose entre le vieil horloger et ses créations est poussée à l’extrême. Ses horloges et lui ne font qu’un, comme s’il les avait dotées de sa propre âme. Au crépuscule de sa vie, voilà que ses montres, ses pendules, ses cadrans, tous sans exception tombent en panne. Orgueilleux comme pas un, se damnera-t-il jusqu’à la mort pour sauver ses minutieuses mécaniques ?

Une belle métaphore sur les croyances scientifiques et leurs potentielles dérives.

Un drame dans les airs :

Un inconnu commet un détournement de ballon. Au-delà de toute prudence, et malgré les tentative du pilote pour redescendre, il veut s’élever le plus haut possible dans les airs. Tout en relatant les catastrophes aériennes des précurseur de l’aérostation, ce fou déleste le ballon de tout ce qu’il trouve sous la main. La fin est dramatique, faisant écho à tous ces récits funestes.

Un hivernage dans les glaces :

Un père, sa future belle-fille et tout un équipage partent à la recherche du fils qui a disparu dans les mers arctiques. Dans des conditions de froids extrêmes, ils endureront non seulement des tempêtes, des glissements de glace, des attaques d’animaux sauvages, mais aussi, alors qu’ils sont complètement épuisés, ils devront affronter une rivalité dévastatrice. Une nouvelle dans la pure veine des grands récits de voyage de Jules Verne.

Quarantième ascension française au mont Blanc :

À côté des autres nouvelles, cette dernière paraît bien fade. Pas de surprise, pas de drame. Son seul intérêt est qu’elle permet de comparer les moyens rudimentaires des alpinistes de l’époque avec ceux high-tech actuels. Il leur fallait une sacré dose de courage (ou d’inconscience) pour défier les dangers du Mont-Blanc !