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Citation de lanard


lanard
02 septembre 2010
p. 41-42
« Non c’est l’artiste qui est véridique et c’est la photographie qui est menteuse, car dans la réalité, le temps ne s’arrête pas » (Rodin, L’Art, Entretiens avec Paul Gsell). Le temps dont il est question ici, c’est celui de la chronologie, le temps qui ne s’arrête pas, c’est le temps linéaire coutumier. Or, ce que les techniques de la photosensibilité apportaient de nouveau et que Rodin n’avait pas encore remarqué, c’est que la définition du temps photographique n’était plus celle du temps qui passe, mais essentiellement, celle d’un temps qui s’expose, qui « fait surface », un temps d’exposition qui succède dès lors, au temps de la succession classique. Le temps de la soudaine prise de vues, c’est donc, dès l’origine, le temps-lumière.
(…)
Avec le photogramme instantané qui permettra l’invention de la séquence cinématographique, le temps ne s’arrêtera plus. La bande, la bobine du film, et plus tard, la cassette vidéo en temps réel de la télésurveillance permanente illustreront cette innovation inouïe d’un temps lumière continu, autrement dit, l’invention scientifique majeure depuis celle du feu, d’une lumière indirecte, suppléant la lumière directe du soleil ou de l’électricité, comme cette dernière avait elle-même suppléé à la lumière du jour.
Actuellement, l’écran des émissions télévisées en temps réel est un filtre non plus monochromatique, comme celui bien connu des photographes, qui ne laisse passer qu’une seule couleur du spectre, mais un filtre monochronique qui ne laisse entrevoir que le présent. Un présent intensif, fruit de la vitesse-limite des ondes électromagnétiques, qui ne s’inscrit plus dans le temps chronoscopique, passé-présent-futur, mais dans le temps chronoscopique : sous-exposé-exposé-sur-exposé.
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