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Citation de marion_heloise


On en parle moins, mais en France aussi les phoques ont été massacrés jusqu'à l'extinction.

Depuis quelques années, ils reviennent coloniser le milieu marin, principalement dans les Hauts-de-France. Un retour qui est loin de plaire à certains pêcheurs de Boulogne-sur-Mer ou de Bretagne. La vision anthropocentrée du pêcheur canadien se porte bien aussi chez nous, à la différence près que les phoques sont désormais une espèce protégée dans toute l'Union européenne. Certains pêcheurs se sont donc regroupés au sein d'un collectif, initialement appelé "Collectif anti-phoque" puis rebaptisé "Collectif contre la prolifération des phoques". Ils se répandent dans les médias pour se plaindre que les phoques mangent trop de poissons, et sont responsables de l'effondrement des "stocks". Ce collectif, principalement composé de pêcheurs, milite activement auprès des politiques pour que les phoques soient retirés de la liste des espèces protégées et que les "tirs de régulation" soient autorisés. Les pêcheurs invoquent l'exemple du loup pour lequel la France enfreint les lois de protection européennes et accorde des dérogations permettant les battues.

Et pourtant, si on compte les deux espèces, phoques veaux-marins et phoques gris, on atteint un maximum de 1 111 individus le long de 160 kilomètres de côtes entre Dunkerque et la Baie de Somme. A eux tous, ils consomment au plus 1 500 tonnes de poissons par an. C'est l'équivalent de deux jours de pêche pour un des navires usines qui pêchent dans la région. A côté de ça, plus de 32 000 tonnes de poissons sont débarquées à la criée de Boulogne en 2018 et plus de 20 500 tonnes pour 2019. Cela fait de Boulogne-sur-Mer le premier port de pêche français et dans le même temps, le fief des anti-phoques.

Encore une fois, la cupidité de l'humain l'empêche de partager équitablement les ressources du milieu naturel avec le reste du vivant, a fortiori avec les prédateurs. Des pêcheurs qui se targuent de connaître le milieu marin font preuve d'une profonde ignorance sur l'autorégulation de l'écosystème qui prévient naturellement toute surpopulation de trop de prédateurs, le nombre de ces derniers dépendant de la quantité de proies disponibles.

Les phoques, à l'instar des loups, cristallisent notre rapport au monde. Les laisser prendre la place qui est la leur dans l'écosystème auquel ils appartiennent naturellement induit une profonde remise en question de notre part. De notre capacité à vivre en harmonie avec eux dépend l'avenir de la part sauvage du monde, de cela dépend aussi notre propre avenir. L'écrivain Romain Gary a très bien résumé l'enjeu lorsqu'il a écrit que dans un monde où il n'y a de place que pour l'homme, il n'y a plus de place, même pour l'homme.
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