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Paul Watson (Autre)Lamya Essemlali (Autre)Elyane Cantelou (Traducteur)Sabine Moulin (Traducteur)
EAN : 9782954667119
510 pages
Black-Star Editions (12/06/2020)
4.88/5   4 notes
Résumé :
S'interposer physiquement entre un chasseur armé d'un gourdin et un phoque, se faire passer à tabac, manquer de se faire lyncher par une foule hostile ou encore se retrouver en prison : /Seal Wars/ retrace vingt-cinq années de combats courageux pour mettre un terme au massacre des phoques au Canada./Ocean Warrior/ (aux mêmes éditions) relatait la lutte sur les eaux menée par l'association Sea Sheperd pour défendre les espèces marines. /Seal Wars/ présente une autre ... >Voir plus
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
On en parle moins, mais en France aussi les phoques ont été massacrés jusqu'à l'extinction.

Depuis quelques années, ils reviennent coloniser le milieu marin, principalement dans les Hauts-de-France. Un retour qui est loin de plaire à certains pêcheurs de Boulogne-sur-Mer ou de Bretagne. La vision anthropocentrée du pêcheur canadien se porte bien aussi chez nous, à la différence près que les phoques sont désormais une espèce protégée dans toute l'Union européenne. Certains pêcheurs se sont donc regroupés au sein d'un collectif, initialement appelé "Collectif anti-phoque" puis rebaptisé "Collectif contre la prolifération des phoques". Ils se répandent dans les médias pour se plaindre que les phoques mangent trop de poissons, et sont responsables de l'effondrement des "stocks". Ce collectif, principalement composé de pêcheurs, milite activement auprès des politiques pour que les phoques soient retirés de la liste des espèces protégées et que les "tirs de régulation" soient autorisés. Les pêcheurs invoquent l'exemple du loup pour lequel la France enfreint les lois de protection européennes et accorde des dérogations permettant les battues.

Et pourtant, si on compte les deux espèces, phoques veaux-marins et phoques gris, on atteint un maximum de 1 111 individus le long de 160 kilomètres de côtes entre Dunkerque et la Baie de Somme. A eux tous, ils consomment au plus 1 500 tonnes de poissons par an. C'est l'équivalent de deux jours de pêche pour un des navires usines qui pêchent dans la région. A côté de ça, plus de 32 000 tonnes de poissons sont débarquées à la criée de Boulogne en 2018 et plus de 20 500 tonnes pour 2019. Cela fait de Boulogne-sur-Mer le premier port de pêche français et dans le même temps, le fief des anti-phoques.

Encore une fois, la cupidité de l'humain l'empêche de partager équitablement les ressources du milieu naturel avec le reste du vivant, a fortiori avec les prédateurs. Des pêcheurs qui se targuent de connaître le milieu marin font preuve d'une profonde ignorance sur l'autorégulation de l'écosystème qui prévient naturellement toute surpopulation de trop de prédateurs, le nombre de ces derniers dépendant de la quantité de proies disponibles.

Les phoques, à l'instar des loups, cristallisent notre rapport au monde. Les laisser prendre la place qui est la leur dans l'écosystème auquel ils appartiennent naturellement induit une profonde remise en question de notre part. De notre capacité à vivre en harmonie avec eux dépend l'avenir de la part sauvage du monde, de cela dépend aussi notre propre avenir. L'écrivain Romain Gary a très bien résumé l'enjeu lorsqu'il a écrit que dans un monde où il n'y a de place que pour l'homme, il n'y a plus de place, même pour l'homme.
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Moore commença la réunion en m'attaquant.
- Le conseil d'administration exige une explication sur le fait que l'expédition pour les phoques ait dépassé son budget.
- Tu devrais en connaître la raison, Pat. J'ai dû prendre trois fois plus de personnes que ce dont j'avais besoin. De plus, tu as accumulé les dépenses que j'avais réprouvées.
Pat m'ignora.
- Dépasser ainsi le budget aurait été pardonné si tu avais réussi la mission, mais nous avons conclu que la campagne était un échec.
J'étais maintenant en colère.
- Bordel, Pat, comment peux-tu dire ça ? Nous avons amené cette cause à un niveau encore jamais atteint.
- Grâce à Brigitte Bardot, me coupa-t-il.
- C'est une raison, ouais, mais elle faisait partie de cette campagne, qui, d'après toi, a été un échec. La seule chose qui a échoué, c'est que je n'ai pas été capable de t'empêcher de te mêler à cette expédition. Si tu avais voulu protéger les phoques autant que tu voulais faire ami-ami avec Bardot, nous aurions pu faire encore plus de choses.
Hunter m'interrompit.
- Ça suffit !
Eileen me lança un regard de dégoût, comme pour dire que son Pat ne penserait jamais à une chose pareille.
Je continuai.
- Cette campagne a amené la question devant le Sénat américain qui a condamné la chasse aux phoques. Ce problème est aujourd'hui plus controversé, plus international, plus politique et plus connu qu'auparavant. Comment peux-tu appeler ça un échec, bordel ?
Haussant le ton, Moore hurla.
- Tu n'as pas mis un terme à la chasse au phoque !
- Ouais, et nous n'avons pas non plus mis un terme à la chasse à la baleine, mais je n'entends personne en parler comme d'un échec.
Moore insista.
- Nous avons un problème encore plus grave. Notre organisation est non-violente. Nous ne pouvons permettre à aucun de nos membres d'enfreindre la loi ou de commettre des actes de violence. Nous devons payer des dettes et financer nos prochains efforts et nous ne pourrons pas le faire si nous perdons notre statut d'association fédérale caritative. Nous avons besoin de cet argent plus que nous n'avons besoin de toi. Et pour cette raison, je te demande de démissionner, car tu as clairement enfreint notre principe de non-violence.
- Mais tu parles de quoi, putain ? Quelle violence ? Je n'ai blessé personne, je n'ai endommagé aucun bien.
Gary Zimmerman, un ancien élève-officier du ROTC, intervint.
- Au contraire, tu as attaqué un chasseur de phoques, tu as volé et détruit ses biens. Tu as pris un gourdin et tu l'as jeté dans l'eau.
- Eh bien, merde. J'étais abasourdi. Ce con allait frapper le crâne d'un bébé phoque, putain de merde. Je n'allais pas rester là et le regarder.
Eileen répondit :
- C'était notre devoir d'en être les témoins.
- Toi, tu assistes comme témoin, Eileen. Moi, je sauve des vies.
L'avocat, Storrow, prit la parole.
- Paul, je ne pense pas que tu comprennes le but de l'association.
- Je suis l'un des membres fondateurs de ce groupe. Je suis un volontaire, non rémunéré, depuis sept ans et maintenant un arriviste bien payé dans son costume trois-pièces qui n'avait jamais entendu parler de nous il y a un an, me dit que je ne comprends pas le but de cette association ? Arrête !
Enfin, Bob prit la parole.
- Paul, je suis d'accord avec tes opinions, mais c'était un acte violent. Nous ne te demandons pas de quitter Greenpeace. Nous te demandons simplement de t'excuser pour ce que tu as fait et de démissionner du conseil d'administration. Tu pourras à nouveau rejoindre le conseil d'ici quelques mois.
- On ne me permettra jamais de revenir dans le conseil tant qu'il est président.
Je lançai un regard à Moore.
- Il m'a dit qu'il allait me virer et il en avait bien l'intention. J'ai sauvé la vie d'un phoque et je m'excuserai jamais pour cela. Je n'ai blessé personne et un gourdin à phoque n'est pas un bien, c'est une obscénité. Je n'ai pas l'intention de démissionner.
- Et bien, cria Moore, si tu ne démissionnes pas, nous voterons pour que tu partes. Je demande un vote. Qui est avec moi ?
- Moi, dit Gary Zimmerman.
- Tout le monde est d'accord ! dit Moore.
Je regardais tandis que Moore et les nouveaux membres du conseil levaient leurs mains suivis de Hunter, Rod Marining et tous les autres, à l'exception de Walrus et John Cormack, les deux seuls à se ranger de mon côté.
- Le "oui" l'emporte, annonça Moore avec joie.
Hunter dit :
- Paul, tu peux rester travailler avec nous.
- Pas moi, Bob, je vais lancer ma propre association. La Seconde Fondation, Bob. Je rigolais et j'ajoutais : pour vous surveiller, bande de connards.
Bob rit aussi en entendant la référence à la Trilogie de la Fondation d'Isaac Asimov.
- Dégage de là, Watson, dit Moore, nous devons poursuivre l'ordre du jour de la réunion du conseil.
- Tu devrais apprendre à être un peu plus poli, Pat.
Je partis.
Hunter s'était levé pour me serrer la main. J'appris plus tard qu'après que je fus parti, Hunter avait regardé les membres du conseil et leur avait calmement dit : "Mesdames et messieurs, je pense que nous venons de perdre nos couilles."
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Je fis un arrêt à Montréal pour passer au bureau de Greenpeace et dîner avec Starlet. Elle avait reçu les statistiques sur la chasse au phoque du ministère des Pêches et des Océans canadien.
L'année précédente, le quota de chasse au phoque était de 127 000 bébés phoques. Le nombre réel des phoques tués s'élevait à 160 000 et pourtant il n'y a eu aucune sanction, aucune réprimande, aucune amende. Une fois encore, l'organe scientifique du gouvernement exigea un moratoire. Il fut ignoré. Le gouvernement réagit finalement en augmentant le quota à 170 000. Quelle réponse !
Pour couronner le tout, le gouvernement effectua des études sur les marées noires pour déterminer leurs effets sur les troupeaux de phoques. Pour cela, des centaines de phoques furent immergés dans le pétrole pour en mesurer les conséquences. N'importe quel enfant aurait pu prédire que les phoques en mouraient. Le chercheur Joseph R. Geraci justifia quant à lui ses expériences au motif qu' "une véritable observation est le seul critère valable pour la science".
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- Vous n'êtes pas très loyal envers le Canada, n'est-ce pas, Watson ?
- Au contraire, je suis loyal envers les créatures qui peuplaient ces terres avant que la cartographie politique du Canada ne remplace le vrai pays. Vous, le Parlement, les banques, ou encore ces putains de chasseurs de phoques ne faites pas partie de mon Canada. Mon Canada est peuplé de phoques, de loups, d'ours, d'arbres et de tout ce que votre Canada essaie de détruire. Mon Canada n'est pas une putain de feuille d'érable rouge peinte sur un bout de tissu. Mon Canada est cette feuille, verte, vivante, accrochée à la branche d'un arbre.
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