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Citation de tita_lautarescu


— J’aime les orages, ai-je commencé. Le tonnerre, la pluie torrentielle, les mares d’eau, les
chaussures mouillées. Lorsque les nuages se présentent, je suis remplie de cette attente vertigineuse.(...) — Tout est plus beau sous la pluie. Ne me demandez pas pourquoi. (...) — Mais c’est comme un autre champ de possibilités. Avant, je me sentais comme un superhéros, je
roulais à vélo sur des chemins dangereusement glissants, ou peut-être comme un athlète olympique
qui supporte de rudes épreuves pour se rendre à la ligne d’arrivée.
Mon sourire s’étendait en même temps que mes souvenirs. Des souvenirs de Jared et moi.
— Les jours ensoleillés, quand j’étais petite, je pouvais encore avoir ce frisson. Tu me donnais le
vertige à force d’attendre, tout comme un orage symphonique. Tu étais une tempête au soleil, le
tonnerre dans un ciel morne et sans nuages.
» Je me rappelle : j’engouffrais mon petit déjeuner en vitesse pour pouvoir aller frapper à ta porte.
On allait jouer toute la journée, et on revenait seulement pour manger et dormir. On jouait à cachecache,
tu me poussais sur la balançoire, on grimpait aux arbres. Le fait d’être ton acolyte me
redonnait l’impression d’être dans mon élément.
— Tu vois, ai-je poursuivi tout en le regardant, quand j’avais 10 ans, ma mère est morte. Elle avait
le cancer, et je l’ai perdue avant de vraiment la connaître. Mon monde me paraissait si incertain, et
j’avais peur. C’est toi qui as remis les choses en ordre. Avec toi, je suis devenue courageuse et libre.
On aurait dit que la partie de moi qui était morte avec ma mère revenait quand je te rencontrais, et je
n’avais plus mal. Rien ne me faisait mal si je savais que tu étais là, avec moi.
Des mares de larmes ont rempli mes yeux alors que la classe se penchait pour m’écouter.
— Puis, un jour, subitement, je t’ai perdu aussi. La blessure est revenue, et je me suis sentie malade
quand j’ai vu que tu me détestais. Mon orage a pris fin, et tu es devenu cruel. Il n’y avait pas
d’explication. Tu es parti, tout simplement. Et mon coeur s’est déchiré. Tu me manquais. Ma mère me
manquait.
— Ce qui était pire que de te perdre, c’est quand tu t’es mis à me blesser. Tes paroles et tes gestes
m’enlevaient le goût de venir à l’école. Ils me rendaient mal à l’aise chez moi.
J’ai dégluti, et le noeud s’est desserré dans ma poitrine.
— Tout ça me fait encore mal, mais je sais que rien n’est de ma faute. Je pourrais utiliser bien des
mots pour te décrire, mais le seul qui comprend « triste, en colère, malheureux et pitoyable », c’est «
lâche ». Dans un an, je serai partie, et tu seras devenu un moins que rien qui a atteint l’apogée de son
existence à l’école secondaire. (ch. 17)
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