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Citations de Philip Corré (12)


Il y avait bien déjà un Chinatown parisien dans le XIIIe arrondissement, le plus important d’Europe même, mais créé dans les années 60 par les descendants des populations indochinoises qui avaient préféré suivre le colon vaincu plutôt que de participer à l’aventure communiste de leurs pays libérés. Rien à voir avec la population du Chinatown bellevillois, née dans la Chine moderne même. Une Chine moderne, mais réconciliée avec sa civilisation millénaire après le temps des humiliations. Une Chine bouffeuse d’hommes, d’espace et d’énergie, un immense corps dévorant qui n’avait qu’une seule crainte : se dévorer lui-même.
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Idriss gara sa voiture en vrac du côté de la place des Fêtes.
C’était bien vrai que le quartier avait changé en l’espace de quelques années. Il n’y avait pas si longtemps, les rues et les commerces avaient les senteurs et les fièvres d’Afrique du Nord. Les islamistes venus des multiples horizons de l’Oumma avaient même un moment considéré Belleville comme une terre de mission et travaillé au corps de débonnaires commerçants kabyles et leurs rejetons, avant de se retrouver confinés dans quelques mosquées obscures et mises sous écoutes. Puis, avec l’irrésistible force d’une eau montante, un nouvel orient avait succédé à l’autre. Chinatown s’était imposé
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— Je croyais qu’on était une équipe, Idriss.
Idriss regardait droit devant lui, les mains serrées sur le volant.
— Je sais, Lucie. Mais le contact que je dois voir, c’est pas un contact comme les autres.
La voix de sa partenaire se fit moins dure.
— Salem ?
— Oui.
— Idriss, tu ne dois rien à ce môme… Mais en même temps, il vaut mieux en effet que tu le voies seul, il déteste tout ceux qui t’approchent… Un conseil quand même…
— Commandant Malo, je vous prie, vous supplie même de m’attendre à l’intérieur de ce putain de café !
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À l’angle du boulevard de Belleville et de la rue du même nom, Idriss demanda à sa supérieure de descendre, de l’attendre une petite heure à la Bellevilleuse, le grand café du coin, et surtout de ne pas s’en faire. Lui-même trouvait un peu cavalier de se débarrasser ainsi de sa partenaire et néanmoins supérieure, mais il n’avait pas le choix. Lucie détestait cet air faux-cul qu’il prenait alors quand il lui faisait un petit dans le dos, mais, en serrant les lèvres, elle déboucla sa ceinture, bien décidée à ne poser aucune question. Cependant, avant de claquer la portière, elle fit :
— Je croyais qu’on était une équipe, Idriss.
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Elle ajusta la ceinture de son holster, prit son blouson qui pendouillait sur le dos de son fauteuil et fit à l’adresse d’Idriss qui faisait semblant de relire des procès verbaux :
— Je sors. Qui m’aime me suive !
Elle n’avait rien caché à son second de sa conversation, surréaliste à bien y réfléchir, avec ce soi-disant tueur américain.
Idriss leva le nez au-dessus de ses verres de lecture :
— Attention, casse-gueule ! Lucie, ne te laisse pas manipuler par ce type, quel qu’il soit : un agent du pape ou un mytho échappé de son habituel auditoire de chaisières.
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De toute façon, la fille pouvait raconter ce qu’elle voulait. Était-elle bien cette prostituée moyen de gamme qu’elle prétendait être ? Au policier qui l’avait interrogée, elle avait dit qu’on trouvait sa « raison sociale », avec photos, nature et prix des prestations, adresse électronique, sur un de ces sites basés en Suisse. Lucie était entrée sur le site. Et elle ne s’étonna même pas que la page de « Virgin » soit signalée comme inexistante. Elle pouvait bien sûr avoir été juste désactivée, mais par qui ? Lucie n’avait aucun pouvoir légal pour entrer dans les petits secrets du site suisse et les collègues de la BRP (Brigade de répression du proxénétisme) l’enverraient bouler.
Elle ne devait décidément compter que sur ses propres moyens.
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Lucie Malo abandonna l’écran de l’ordinateur et ferma les yeux pour mieux réfléchir.
Ce n’était sûrement pas le strict Ménélas Korfu qui avait déposé ce courriel dans la boîte de la rousse. À moins d’être un sacré hypocrite, il devait même ignorer ce qu’était une escort et les réseaux de rencontre par internet.
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La déposition de la rousse flamboyante était d’un prévisible à mourir. Un simple courriel signé K déposé dans la messagerie personnelle dont elle disposait sur un site professionnel lui fixait l’heure du rendez-vous dans cette chambre de l’hôtel de la porte de Bagnolet.
Et puis ça s’était mis à tirer dans tous les sens. C’était en gros le résumé d’une petite heure fatale dans la vie d’une pute. La rousse s’appelait Virginie Granger, née à Tourcoing (59) en 1980, ce qui ne faisait pas d’elle une perdrix de l’année. Son nom de guerre était Virgin (là personne n’est obligé de sourire).
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Face au bar-tabac, assis au volant de son véhicule de location, Cameron Valls n’avait rien perdu de tout ce qui s’était passé ou échangé dans la salle de billard. Il déconnecta son iPad et sourit :
— Magnifique cette Lili, mais où ai-je déjà vu ces yeux à l’éclat si particulier ?
Et, bizarrement, c’était la même question que se posait le commandant Aoun Idriss qui était en train de passer devant lui sans le voir.

Lucie ouvrit violemment la portière et s’installa sur le siège passager. Surpris, le tueur se laissa déposséder de son iPad dont l’écran était resté bloqué sur l’image de la Chinoise.
— Vous n’allez pas me faire croire qu’il s’agit de votre mère ?
Elle jeta sans plus de façon la petite merveille numérique sur les genoux de Cameron Valls et sortit de la voiture.
— Faut que j’aille récupérer mon idiot de collègue, mais on ne se quitte plus vous et moi !
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Salem s’approcha légèrement d’Aoun et fit à voix basse :
— C’est Lili de Chinatown.
— C’est pas un nom ça, juste l’affiche d’un spectacle de cabaret.
— Tout le monde dit comme ça… En tout cas, tu ne m’en voudras pas si on faisait comme si on ne se connaissait pas.
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Les agresseurs levèrent alors des battes de base-ball qu’ils abattirent sur tous les éléments Art déco qui faisaient le seul charme de l’endroit. Les lustres au-dessus des tables de billard explosèrent un à un, de même que les appliques murales, les séparations de bois précieux et de verre opaque. Puis les cutters sortirent, réduisirent en charpie les tapis de billard.
Tout cela relevait d’une organisation parfaite. Les agresseurs se mouvaient en se frôlant à peine, n’échangeaient aucune parole. Deux bombes de peinture sortirent des poches et crachèrent leurs particules noires.
Puis, toujours sans un mot, le commando disparut dans l’escalier où le bruit de leurs pas décrut à la façon d’un orage qui s’éloigne.
La scène avait duré à peine une minute.
Chacun se releva, hébété et incrédule, comme si tout Belleville venait d’être secoué par un tremblement de terre. Et c’est vrai que la salle de billard était entièrement dévastée.
Sur les murs on pouvait lire en lettres larges et rondes : « Chinois go home », « Chinatown = mafia ».
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— Il n’y a rien entre toi et moi, il y a eu quelqu’un, c’est tout. Tu as deux jours pour me retrouver Virgin et je verrai ce que je peux faire pour ta petite porcelaine de Chine.
Le nez de Djun se plissa sous ce qu’il ne prenait pas vraiment pour un compliment.
Il se passa alors quelque chose d’étrange. Un silence soudain, une suspension du temps d’une microseconde. (...)
Puis il y eut un vacarme de pas précipités dans l’escalier qui menait à la salle de billard. Quatre ou cinq types, vestes militaires, pantalons bouffants à l’afghane, visage enturbanné où l’on ne devinait que les yeux firent irruption. L’homme de tête brandit l’un de ces pistolets mitrailleurs tchèques ultra-courts et légers, le classique Scorpio des rebelles de tout poil, et expédia une giclée de balles dans le plafond. Le message était clair.
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