En ce début de décembre 1918, la pluie ne cessait de tomber, fine et froide, et s'associait aux fortes rafales de l'aquilon, pour dépouiller les grands arbres de leurs dernières feuilles. La grisaille affadissante du ciel se mariait avec le brouillard stagnant sur la plaine pour fermer l'horizon. Insensible à la récente annonce de l'armistice qui réjouissait les hommes, la campagne à l'abandon , enlaidie de fermes délabrées et de terres de cultures envahies de hautes herbes noircies, respectait scrupuleusement le rythme des saisons et s'endormait à l'annonce du proche hiver.