C'est une histoire très attachante. Les personnages sont émouvants et on les suit tout au long de leurs vies difficiles, des choix qui s'imposent à eux alors qu'on voudrait modifier le cours de leur vie. Et on partage aussi leurs joies. C'est un témoignage très fort, notamment sur la vie agricole du début du XXe. On apprécie le travail méticuleux en amont pour parvenir à ces descriptions précises des fermes, des champs, des bois, des odeurs, des couleurs ou des bruits ! On vit pleinement avec eux. Merci !
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Roman splendide, lumineux, drôle et émouvant qui nous embarque dans la Normandie au début du siècle dernier. On est pris par cette histoire simple, à la hauteur des personnages aussi miséreux que dignes, chamboulée par la Grande Histoire qui cabosse les hommes. Dans ce roman, tout respire l'authenticité, la sincérité, l'humanité. C'est une grande fresque et j'ose le dire, oui, une épopée. Ce roman se passe en Normandie, mais chacune ou chacun attaché à sa terre et ses racines y trouvera quelque écho. Il y a un universalisme qui fait frissonner. Merci à l'auteur pour le plaisir et les réminiscences!
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Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans ce roman d'une époque disparue dans laquelle on entre avec délice. Les personnages, leurs labeurs, les moeurs, tout dans ce livre est d'une justesse incroyable. A croire que l'auteur y a vécu.
J'ai particulièrement aimé la sensibilité des descriptions qui jalonnent le livre, avec un sens presque cinématographique. Grâce a elles, on ressent les odeurs, on distingue les lumières et les teintes si caractéristiques à la Normandie. de véritables toiles esquissées avec délicatesse.
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Un livre formidable dont les personnages sont tous plus attachants les uns que les autres, qu'on porte désormais en soi pour longtemps ! L'auteur ne joue ni au misérabilisme ni à l'enjolivement d'une quelconque "belle époque". Il décrit la vie, souvent terriblement difficile, dans la campagne normande, avec franchise et verve. Une fois entamé, on ne lâche plus l'ouvrage, on s'attache invinciblement aux héros, en priorité à Odette bien sûr. Ce qui est précieux, c'est que l'auteur ne juge jamais : il présente les faits, les personnages, sans parti pris. Ce fut ainsi, ce fut terrible mais il y eut aussi de si beaux moments !...
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Le samedi en fin de matinée, Odette pétrissait un gros pain flamand au raisin. La pâte jaune et cireuse lui collait aux doigts et dégageait une odeur acide de levure. Elle la laissait reposer deux ou trois jours sous un linge épais, avant de l'enfourner à four très chaud. Bientôt, des parfums complexes et alléchants de pain chaud et de pâtisserie gagnaient toute la maison, attirant comme des mouches tous les enfants, grands et petits. Ila aimaient assister à la sortie du four de la grosse miche dodue et bien dorée qui laissait encore échapper quelques vapeurs. Odette, suivie de toute une ribambelle de gamins, portait haut le gros pain rond qu'elle déposait religieusement sur la table, au milieu des confitures, du chocolat et de la motte de beurre. Puis, elle saisissait le grand couteau et commençait à découper d'épaisses tranches longues dont la mie, d'une beau jaune d'or parsemé de raisins secs, était cernée d'une croûte ferme et croquante. Les enfants se jetaient sur les morceaux encore trop chauds qu'ils faisaient circuler d'une main à l'autre et qu'ils posaient à même la table devant eux, avant de les enduire d'une épaisse couche de confiture. Souvent, M. et Mme Sagaert partageaient avec leurs enfants ce goûter du samedi et testaient, en avalant une tranche, de la bonne exécution de la recette, avant de féliciter chaudement Odette pour l'équilibre parfait obtenu.
En ce début de décembre 1918, la pluie ne cessait de tomber, fine et froide, et s'associait aux fortes rafales de l'aquilon, pour dépouiller les grands arbres de leurs dernières feuilles. La grisaille affadissante du ciel se mariait avec le brouillard stagnant sur la plaine pour fermer l'horizon. Insensible à la récente annonce de l'armistice qui réjouissait les hommes, la campagne à l'abandon , enlaidie de fermes délabrées et de terres de cultures envahies de hautes herbes noircies, respectait scrupuleusement le rythme des saisons et s'endormait à l'annonce du proche hiver.