Philippe Carrese

Lundi 22 septembre 1997, midi.

La journée qui s'annonce sera prolixique elle aussi. Je me suis engueulé copieux avec la connasse du rez-de-chaussée, la grosse, celle avec les quatre minots insupportables. J'ai pas tout capté à ce qu'elle me reprochait à cause de ses deux bergers allemands. Ils ont aboyé sans arrêt pendant qu'elle me déversait ses remarques à la con sur son mari qui est veilleur de nuit, qui donc travaille surtout la nuit et qui supporte pas le bruit. Le bruit, ça le réveille.
J'y ai rétorqué que la musique à fond la caisse, c'est pas moi, c'est mon voisin du dessus. C'est Bernard, le sourd-muet. Et que la musique, elle est à fond la caisse parce que justement il est sourd-muet. Et que s'il est sourd, c'est parce qu'avant, il a été batteur dans un groupe de trash métal. Et que donc il écoute toujours du trash métal parce que c'est ça, sa culture à lui.
Bernard, il est sourd à cause du trash métal. Muet, par contre, je sais pas pourquoi.
J'ai essayé de demander à la grosse connasse, si ses chiens en furie ça lui réveillait pas son coulaud de mari. Elle m'a pas entendu. A cause des chiens.
Je lui ai montré mon majeur, bien haut. Elle a hurlé "enculé". Tellement fort que ça a fait taire les clébards et réveillé son mari. J'ai entendu la petite voix endormie du veilleur de nuit qui demandait à sa femme si elle l'avait appelé.