À toi qui fais tout ce que tu peux pour obtenir le satori
On ne pratique pas pour obtenir le satori. C’est le satori qui tire notre pratique. On pratique tirés de toutes parts par le satori.
Ce n’est pas toi qui cherches la Voie, c’est la Voie qui te cherche.
Tu fais des études, tu fais du sport, et tu fais une fixation sur le satori et l’illusion. Si bien que zazen lui-même se transforme pour toi en marathon, avec le satori à la ligne d’arrivée. Et pourtant, du simple fait que tu essayes de l’attraper, il t’échappe complètement.
C’est seulement quand tu renonces à interférer de la sorte que ta nature originelle, cosmique, s’actualise. Tu dis que tu cherches la Voie, mais à quoi cela rime-t-il si tu cherches la Voie pour ta propre satisfaction ?
Tu veux devenir Bouddha ? Pas besoin de devenir Bouddha !
Maintenant est simplement maintenant.
Tu es simplement toi. Et dis-moi, si tu veux quitter l’endroit où tu te trouves, c’est pour aller où au juste ?
Zazen veut dire simplement s’asseoir sans même penser à devenir Bouddha.
On ne parvient pas au satori à travers la pratique : la pratique est le satori. Chaque pas est le but.
Vous devez apprendre le demi-tour qui dirige votre lumière vers l'intérieur, pour illuminer votre vraie nature. Le corps et l'âme d'eux-mêmes s'effaceront, et votre visage originel apparaîtra. Si vous voulez atteindre l'éveil, vous devez pratiquer l'éveil sans tarder.
En Chine, au Japon, aujourd’hui encore, on passe un anneau dans les naseaux des vaches, et on les mène par cet anneau. C’est devenu une image zen.
Dōgen dit: «Nous devons tirer nous-mêmes notre propre anneau nasal.» Cela signifie que nous devons nous diriger nous-mêmes. Personne ne le fera à notre place. Maître Dōgen, arrivant en Chine, au port de Minshū, rencontre un vieux moine, le tenzo du temple de Maître Nyojō, qui fait sécher des champignons au soleil de midi.
– Pourquoi faites-vous ce travail si dur pour votre âge, en plein soleil, lui demande-t-il, pourquoi ne le confiez-vous pas à quelqu’un d’autre?
Le vieux tenzo le regarde en face et lui répond:
– Tu rêves, jeune moine, les autres ne sont pas moi.
Nous devons tirer nous-mêmes notre propre anneau nasal. Pendant les trois mois que dure la saison d’été, nous persévérons dans la pratique. Aujourd’hui il ne reste que trente jours. Aussi devons-nous accroître nos efforts et éteindre le feu qui brûle sur nos têtes.
Soyez au-delà des bouddhas et des patriarches de tous les temps.
Ne vous attachez ni au nord, ni au sud, ni à l’ouest, ni à l’est.
Avec l’intuition du vent et des nuages, mangez du gâteau de riz.
Attaquez et frappez le sage.
Dans le sutra busho Kapilla, on dit que la première cuillerée est là pour couper le mal, la seconde est pour cultiver le bien, la troisième pour aider, pour éduquer toute l’humanité.
« Le zen et les arts martiaux ont la même racine et la même saveur », disait Maître Deshimaru. Cette façon de voir ne fait l’unanimité ni dans les arts martiaux, où l’on pense souvent qu’on n’a pas de temps à perdre avec ce genre de balivernes, ni dans le zen, où beaucoup souhaitent prendre leurs distances vis-à-vis d’une discipline qu’ils assimilent à la guerre et à l’acte de tuer.
L’esprit intérieur, qui laisse passer les pensées et les émotions sans obstruction, est libre de son environnement. Cela peut vouloir dire l’abandon de l’ego.
Le sermon sans paroles du Tathāgata, qui peut le comprendre ?
Un bâton fait d’une branche d’arbre le comprend inconsciemment.