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Citation de collectifpolar


À mon avis, la robe que je viens d’enfiler serait capable de réveiller toute une colonie d’eunuques. Je la porte uniquement pour les grandes occasions, et c’en est une. Ce soir, j’ai rendez-vous avec Tomasson pour parler de ma carrière.
Le cocktail se déroule dans un bar speakeasy du VIIIe arrondissement, dernier spot à la mode de la nuit parisienne. Un Uber me dépose. L’entrée est planquée au fond d’un traiteur japonais. Je file mon mot de passe au physio et pénètre dans le bar.
Dans un intérieur à la lumière tamisée, ça grouille de gens du showbiz. Un vrai zapping. Je n’arrête pas de me dire : « Tiens, mais c’est la fille qui présente la météo ! Oh, mais là, c’est l’autre bouffon qui nous saoule chaque soir avec son jeu à la con. Et celui-là, il camperait pas le personnage d’un berger psychopathe dans la série diffusée une fois par semaine sur la Trois ? »
À cet instant, Tomasson surgit des toilettes, l’air enfariné. Il m’embarque avec lui. Dès qu’il croise un people, il multiplie les démonstrations d’affection. Ses accolades interminables et surjouées en disent long sur la sincérité du personnage. Il me conduit à son carré VIP tout en me tenant par la hanche, comme si je lui appartenais déjà.
Je suis assise au milieu d’une petite troupe de fidèles. Je trouve leur conversation terriblement pauvre d’esprit. Ça cause audience, concept, part de marché, mais surtout salope de moins de cinquante ans. Comme dans ses émissions, Tomasson dirige les débats. Ses invités sont d’une servilité incomparable et s’étouffent de rire à la moindre de ses blagues. De mon côté, je prête poliment une oreille sans jamais intervenir, ce n’est pas le moment de me faire remarquer, j’ai un job à pourvoir.
Puis la soirée s’emballe.
Les gens vident des bouteilles sans se préoccuper de l’addition. De la coke circule, des jeunes femmes au physique irréprochable se mettent à danser autour des tables sur des remix de Niagara. Vers minuit, nous levons le camp. On bouge chez Tomasson. Il loge à deux pas.
L’appart’ se situe au dernier étage d’un immeuble haussmannien. Modeste triplex qui doit avoisiner les quatre cents mètres carrés. (Je l’ai lu dans Voici.) Dès l’entrée, on en prend plein les mirettes, chaque mur est orné d’un tableau dans le style pop art. Des tas d’objets vintage sont éparpillés aux quatre coins des nombreuses pièces que nous traversons. Cela va du flipper Gotlieb jusqu’au juke-box Rock-Ola en passant par la pompe à essence Texaco. Des joujoux de vieux bourges, en somme.
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