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Citation de Charybde2


Elle se fige, attendant la guitare, puis, levant un main d’un mouvement gracile, se met à chanter. Alors, tout bascule. Subitement, il n’est plus question de divertissement estival, car sous les yeux d’une assistance prise au dépourvu et qu’une sorte de tension musculaire vient de cristalliser, c’est un combat à mains nues qui s’engage, celui de l’être humain aux prises avec le flot houleux de ses passions contradictoires, saisi dans le dépouillement de sa mortelle condition de créature aimante, violente, pitoyable et miraculeuse. Puis les bras de la jeune chanteuse entament une lente arabesque, le corps se met à parler lui aussi, et c’est sauvage. Corps de tempêtes et de caresses, qui se donne, se reprend, s’enflamme, entre en lutte. Une faille vient de s’ouvrir, laissant filtrer une lumière d’avant la civilisation, une révolte frémissante de désir, d’espoir, de douleur, de sexe, une pulsion primitive de vie et de mort mêlées.
Cette jeune fille vient d’imposer le silence à une assemblée de buveurs de bière en short, qui ne peut esquiver cette brutale apparition du duende. Régulièrement, les membres de la troupe et les quelques espagnols présents dans l’assistance ou parmi le personnel ponctuent des traditionnelles exclamations admiratives l’engagement total de la jeune artiste. Le barman lui-même s’est arrêté net, les deux mains sur le bord de son évier.
Un dernier claquement de talon, un dernier regard de défi, « Guadalupe ! » annonce Dolores, en désignant d’un geste la danseuse qui se retire, déclenchant une clameur immédiate. (« Guadalupe ou le surgissement du duende »)
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