L'un des plaisirs de Masse Critique est de découvrir le livre qui vous a été attribué quand le mail de Nicolas Hecht arrive dans votre messagerie. Avant de recevoir le cadeau dans votre boîte à lettres, il va alors se passer une dizaine de jours pendant lesquels vous imaginez ce que sera votre prochain moment de lecture.
Love Parade n'a je suppose rien à voir avec la fameuse techno parade, bien qu'après recherche, j'apprends que l'auteur
Philippe Hebrard a des accointances avec le milieu musical. Il a été directeur artistique chez EMI, Universal Music et Chrysalis Music France, et a fondé sa propre société d'édition et de production musicale Montlery Music. Il faut plutôt chercher du côté des Undertones, groupe rock britannique des années 75 à 80, et son single
Love Parade. Est-ce la musique qui a fait vibrer
Philippe Hebrard adolescent?
Love Parade est son premier ouvrage. Je suppute donc qu'il y a mis une grande part de lui-même. le caractère autobiographique de ces dix-sept rencontres est d'ailleurs clairement revendiqué dans le prologue. Ce sont des instantanés, incompréhensions, condensés de relations débutantes ou en cours qui explorent le rapport amoureux homme – femme.
La nouvelle est un genre qui présente des atouts considérables en littérature. C'est un condensé qui évite des écueils tels que longueurs, ennui ou manque de rythme. Chaque mot y est pesé, le choix d'un registre particulier de vocabulaire crée l'atmosphère souhaitée et baigne le lecteur dans une ambiance adéquate.
Philippe Hébrard use de ces techniques à merveille. En tête de mon classement personnel, je placerai la première nouvelle, Capucine ou les brumes de la discorde, avec en exergue quelques mots du livre de l'Intranquillité de
Pessoa. En deuxième position, arrive Océane ou les charmes du siphon. Et il y a la dernière, Véronica ou l'exception belge, la plus douce, et vraiment à part comme l'annonce le titre, comme une porte de sortie.
Chacun des portraits féminins forme en contre point celui du narrateur. C'est une personnalité qui tend vers le looser pour ce qui touche à la relation amoureuse, mais non dénuée d'espièglerie. Il se met souvent en situation de ridicule ou de dominé face à sa partenaire qu'il encense exagérément. Mais en fin de compte, on arrive souvent à une situation d'arroseur arrosé.
On notera quelques constantes parmi les 17 portraits.
Philippe Hébrard semble avoir un goût pour les grandes filles aux yeux verts, profil mannequin, issues de milieu bobo chic, intello et arriviste friqué. Il dépeint à chaque fois cependant une personnalité différente. On découvre ainsi une Capucine indolente et nonchalante, une Alice qui sait prendre l'initiative, une Monika bien difficile à suivre, une Giuletta à l'humour subtil, une Guadalupe époustouflante en dépit de ses 15 ans. Elise qui règle sa vie comme du papier à musique se voit quelque peu malmenée. Marleen pose les limites de l'histoire à la relation physique le temps des vacances. L'aventure se déroule soit en bord de mer, au soleil, soit au cours de déambulations nocturnes citadines des fêtards. Souvent de courte durée, la rencontre parfois n'aboutit même pas du tout.
On saluera la richesse d'expérience de l'auteur, son humour plein d'autodérision et son style ludique, léger, délicat. Avec un peu de chance, il nous offrira un second opus dans quelques saisons ...