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Citation de philippehenryauteur


Claire
Lyon, été 1961.

Je me le rappelle. C’était il y a 4 ans. Nous partions en week-end dans la vallée de la Loire. En voiture. Les portières ont claqué, les unes après les autres. A la quatrième, je me suis dit : on vient d’enfermer le bonheur. On l’a mis en sécurité dans la voiture, on est tous serrés autour. Je ne sais pas du tout d’où m’est venue cette idée, mais elle a tout à coup pris beaucoup d’importance. Comme si je venais de comprendre une chose essentielle. Soudainement, elle éclairait ma vie, notre vie, d’une lumière nouvelle et douce. Nous étions une famille heureuse. Nous étions si bien, tous ensemble. Mais cette idée portait en elle le reflet d’un péril. Comment penser au bonheur sans craindre son anéantissement ?
De cette époque date pour moi la conviction qu’hors la voiture ce jour-là, et bientôt hors le cocon familial, il existait probablement une menace qui, en se développant, viendrait saper tout cela. Enfant, comme tout le monde, je construisais face à la marée montante des châteaux de sable. J’avais beau surélever constamment leurs murailles, j’avais beau m’acharner à les protéger par de multiples contreforts, la mer finissait toujours par les encercler, par attaquer les constructions à la base, par les creuser, les extruder et obtenir enfin l’écroulement de tout un pan du système défensif. Bientôt les murailles cédaient et je voyais avec rage la mer s’engouffrer dans la première brèche et remplir le centre de l’ouvrage pour poursuivre, là aussi, son travail ravageur. ....
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