Philippe Lipchitz

19 nouvelles relatant un moment ayant eu au moment de la rafle, ou un peu avant...

19 points de vue différents : le moment vécu par une ou des victimes, par un voisin, par un policier venant arrêter, par une famille d'accueil...

Ce fameux jour qui a été longtemps "oublié" dans l'histoire de France.

Alors oui, il s'agit ici de nouvelles imaginées, mais le contexte est historique et cela permet de se rendre compte que le hasard a souvent une part dans la vie des survivants. Certains ont eu la chance de ne pas être au mauvais endroit au mauvais moment.

Quant aux autres, il ne faut pas les oublier.

Relecture de ce petit livre sympathique qui a ouvert une longue série. Ce premier est bien diversifié, pas encore trop colonisé par les auteurs "incontournables". La question du théâtre court pour la jeunesse est intéressante et questionnante. Entre les textes sans fin Dominio, les extraits de Levey ou des scènes dialoguées qui pourraient être suivies ou précédées ou pas, on se cherche... Les plus réussies sont pour moi de Dominique Paquet, Lise Martin et le duo Lipchitz/Chanfrau. "La fin du loup" est vraiment très sympa. Elle offre une véritable forme de théâtre récit pour enfant avec une évolution du personnage, des scènes cocasses, des dialogues truculents et un message de fond. Le denier texte de Roland Shön est captivant, tant sur le fond que sur la forme. Cette tirade contée d'un explorateur dévoilant (ou pas) des trésors improbables est très intéressant. Le texte tient-il seul ou tout tient dans son art marionnettique ? Nous n'avons pas quatre heures, mais le temps passé à relire cet ouvrage n'était pas perdu.

Philippe Lipchitz est un auteur dont j'apprécie beaucoup le travail. Je préfère annoncer la couleur. Je connais ses écrits pour le théâtre. Je découvre ce roman d'apprentissage avec grand plaisir. Je me suis laissé emporté par cette fresque initiatique d'un gamin de banlieue devenant comédien. La structure sépare le présent (27 ans, jeune acteur) et le passé (surtout axé sur son adolescence). On retrouve la force classique d'un Grand Meaulnes avec un phrasé et un rythme d'aujourd'hui. Phrases courtes, répliques efficaces, descriptions poétiquement cinématographiques. Rien ne traîne, tout se transforme en situation touchante, questionnante, amusante. Le travail sur la rurabanité qui est cher à l'auteur est parfaitement intégré à ce récit. L'auteur donne la parole aux petites gens de banlieue tout comme aux seconds rôles des classiques. Leur vie n'en n'est pas moins passionnante, au contraire. Le livre est édité dans la collection ethnographiques de chez l'Éditeur. La réalité sociale est très précisément détaillée dans toutes ses contradictions. L'ascenseur social est en panne, alors on galère à chaque marche, mais plus le chemin est long... Vivement le prochaine tome !