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Citation de Partemps


Li Bai (702-762) :

« Tombent les fleurs, coule l’eau, voie mystérieuse. »

Ou Du Fu (712-770) :

« Au bord du fleuve, miracle des fleurs, sans fin.

À qui se confier ? On en deviendrait fou. »

Ou encore, plus tôt, l’empereur Yang :

« La rivière de ce soir est lisse et calme,

Les fleurs du printemps s’épanouissent,

Le courant emporte la lune,

La marée ramène les étoiles. »

Vous êtes aujourd’hui, après des époques de crimes, au musée de Nankin, de Shanghai, ou encore au musée du Palais, à Pékin. Ces jonquilles de Shitao (1642-1707) sont là depuis tout à l’heure. Là, toujours là, dans l’espace ouvert, l’espace libre pour le jeu du temps dans le temps. Même bonheur de soie, même effusion de désirs demeurés désirs, dans cette branche de pêcher (pêcher originel), ou ces deux fleurs en conversation, ou ce prunus en fleurs. L’éternel retour n’a besoin d’aucune démonstration, il plane.

Li Yu (987-978) :

« Les fleurs d’or sont ouvertes,

Les fleurs d’or sont fermées,

Les oies sauvages se sont envolées,

À quand le retour de l’homme ? »

Mais ici, maintenant, sans bruit.

D’ailleurs, Chu Ta (1626-1705) :

« Le pinceau chargé de pensées printanières,

Rêve d’éclore en fleurs au point du jour. »

C’est arrivé, c’est fait, ça arrivera de nouveau, ça se fait.

Une branche de magnolia ? Une fleur livrée au vide ? Une tige et une fleur de lotus ? J’ai vécu des après-midi entières, vers douze ans, dans un petit bois de bambous, je sais ce qu’est un envol de souffle vertical et vide.

« Lorsque Yu K’o (onzième siècle) peignait un bambou, il voyait le bambou et ne le voyait plus, comme possédé, il délaissait son propre corps, celui-ci se transformait et devenait bambou. »

Et voilà. Bambou près d’un rocher : autoportrait de l’artiste ressuscité sur sa tombe. Un choix, un seul ? Impossible. Tout de même, cette encre et couleurs sur soie, d’un anonyme des Song (douzième treizième siècle), au musée du Palais à Pékin : Lotus épanoui. Dans un musée ? Non, les oeuvres occidentales finissent dans des espaces clos, alors que les chinoises sont partout dehors, elles sont à l’intérieur du dehors. Le titre secret de ce lotus épanoui, gloire et béatification du pollen ? Une vie divine (d’un auteur anonyme, comme lui).
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