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Citation de Partemps


En poussant à bout une crucifixion, Picasso était arrivé à la présentation d’une symphonie rapide et désarticulée d’un squelette mi-humain, mi-animal, ou plutôt intensément minéral. La peinture n’est pas une image, et encore moins une image pieuse. C’est de la sculpture qui tient toute seule en l’air, visible de partout et surtout de l’intérieur.

L’Espace devient ainsi vivant, vibrant, agissant, modulé, modulable, mode­lable. il a ses trous noirs, ses zones de dispersion et de réversion, ses arêtes, ses plaques sensibles, ses faces, ses interfaces, ses profils contradictoires, une den­sité plus forte que prévue, une vitesse propre. Surgissement, éloignement, silence. L’Espace n’est pas accroché au principe de représentation, il n’est pas ancré en lui, il ne tient à rien. On peut en disposer, le ressentir et l’aimer comme jamais, c’est cela la bonne nouvelle. Dans le monde humain, les femmes signalent ses variations, ses blocages ou ses échappées, ses déformations ou ses lignes de fuite. Forces d’opposition, obstacles, barrages, ou, au contraire, accé­lération, repos, complicité, soutien. Telle est l’Odyssée de Picasso : on peut dis­poser les femmes de sa vie, comme des couleurs, selon ces deux registres, l’un négatif, l’autre positif. Il se faufile, il se débrouille, il note, il navigue.

L’espace est du temps déployé ou hyper-condensé, une dimension particu­lière et trompeuse du Temps. Tantôt graffiti, et tantôt poussière. Instants, éclairs, masses de durée ; monuments ou cendres. Beaucoup de grimaces, tout passe. On est dans les grottes d’Altamira, mais on est aussi chez Vélasquez et Manet, et déjà en plein troisième millénaire. »
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