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EAN : 9782702204788
129 pages
Cercle d'Art (15/10/1996)
5/5   1 notes
Résumé :
Pourquoi parler de l ?héroïsme de Picasso ? N'a-t-il pas été, de son vivant, reconnu, fêté, célébré ? Ne décèle-t-on pas partout son influence ? N ?est-il pas aujourd'hui un des artistes les plus en vue du marché ?
Justement cette gloire apparente, à mon avis, le cache ; elle empêche d ?apprécier à quel point une des rares révolutions réussies du XXe siècle, la sienne, aura été, à chaque instant, difficile, auda­cieuse, risquée. Qui « attendait », en 1907, le... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Le 24 janvier 1932, dans Le rêve, Marie-Thérèse, la tête renversée en arrière selon deux profils différents, dort dans un fauteuil rouge, épanouie, mélodieuse, s’embrassant elle-même dans ses courbes vert pâle et rose. Elle est, quoiqu’en train de rêver, complètement livrée au dehors. Mais le 27 janvier, dans le même fauteuil, la voici radiographiée : il ne reste d’elle que des os monumentaux moulés dans la glaise, trois boules, comme des planètes, la situant sur un fond intersidéral. Est-ce le même sujet ? Oui. Et ainsi de suite, pour Olga, ou Dora ou d’autres. Toutes d’ailleurs n’ont pas droit aux os. Elles peuvent devenir pinces ou grues, ou encore pelotes de ficelle. C’est selon l’humeur.

En poussant à bout une crucifixion, Picasso était arrivé à la présentation d’une symphonie rapide et désarticulée d’un squelette mi-humain, mi-animal, ou plutôt intensément minéral. La peinture n’est pas une image, et encore moins une image pieuse. C’est de la sculpture qui tient toute seule en l’air, visible de partout et surtout de l’intérieur.

L’Espace devient ainsi vivant, vibrant, agissant, modulé, modulable, mode­lable. il a ses trous noirs, ses zones de dispersion et de réversion, ses arêtes, ses plaques sensibles, ses faces, ses interfaces, ses profils contradictoires, une den­sité plus forte que prévue, une vitesse propre. Surgissement, éloignement, silence. L’Espace n’est pas accroché au principe de représentation, il n’est pas ancré en lui, il ne tient à rien. On peut en disposer, le ressentir et l’aimer comme jamais, c’est cela la bonne nouvelle. Dans le monde humain, les femmes signalent ses variations, ses blocages ou ses échappées, ses déformations ou ses lignes de fuite. Forces d’opposition, obstacles, barrages, ou, au contraire, accé­lération, repos, complicité, soutien. Telle est l’Odyssée de Picasso : on peut dis­poser les femmes de sa vie, comme des couleurs, selon ces deux registres, l’un négatif, l’autre positif. Il se faufile, il se débrouille, il note, il navigue.

L’espace est du temps déployé ou hyper-condensé, une dimension particu­lière et trompeuse du Temps. Tantôt graffiti, et tantôt poussière. Instants, éclairs, masses de durée ; monuments ou cendres. Beaucoup de grimaces, tout passe. On est dans les grottes d’Altamira, mais on est aussi chez Vélasquez et Manet, et déjà en plein troisième millénaire. »
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En poussant à bout une crucifixion, Picasso était arrivé à la présentation d’une symphonie rapide et désarticulée d’un squelette mi-humain, mi-animal, ou plutôt intensément minéral. La peinture n’est pas une image, et encore moins une image pieuse. C’est de la sculpture qui tient toute seule en l’air, visible de partout et surtout de l’intérieur.

L’Espace devient ainsi vivant, vibrant, agissant, modulé, modulable, mode­lable. il a ses trous noirs, ses zones de dispersion et de réversion, ses arêtes, ses plaques sensibles, ses faces, ses interfaces, ses profils contradictoires, une den­sité plus forte que prévue, une vitesse propre. Surgissement, éloignement, silence. L’Espace n’est pas accroché au principe de représentation, il n’est pas ancré en lui, il ne tient à rien. On peut en disposer, le ressentir et l’aimer comme jamais, c’est cela la bonne nouvelle. Dans le monde humain, les femmes signalent ses variations, ses blocages ou ses échappées, ses déformations ou ses lignes de fuite. Forces d’opposition, obstacles, barrages, ou, au contraire, accé­lération, repos, complicité, soutien. Telle est l’Odyssée de Picasso : on peut dis­poser les femmes de sa vie, comme des couleurs, selon ces deux registres, l’un négatif, l’autre positif. Il se faufile, il se débrouille, il note, il navigue.

L’espace est du temps déployé ou hyper-condensé, une dimension particu­lière et trompeuse du Temps. Tantôt graffiti, et tantôt poussière. Instants, éclairs, masses de durée ; monuments ou cendres. Beaucoup de grimaces, tout passe. On est dans les grottes d’Altamira, mais on est aussi chez Vélasquez et Manet, et déjà en plein troisième millénaire. »
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« Le 24 janvier 1932, dans Le rêve, Marie-Thérèse, la tête renversée en arrière selon deux profils différents, dort dans un fauteuil rouge, épanouie, mélodieuse, s’embrassant elle-même dans ses courbes vert pâle et rose. Elle est, quoiqu’en train de rêver, complètement livrée au dehors. Mais le 27 janvier, dans le même fauteuil, la voici radiographiée : il ne reste d’elle que des os monumentaux moulés dans la glaise, trois boules, comme des planètes, la situant sur un fond intersidéral. Est-ce le même sujet ? Oui. Et ainsi de suite, pour Olga, ou Dora ou d’autres. Toutes d’ailleurs n’ont pas droit aux os. Elles peuvent devenir pinces ou grues, ou encore pelotes de ficelle. C’est selon l’humeur.
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Eh bien, nous ne connaissons pas assez Picasso. De mieux en mieux, oui, mais de loin. Notre temps accéléré est, en réalité, trop lent pour sa rotation, nous ne l’avons pas rejoint dans sa course. Un portrait de lui ? Mais ce « lui » est déjà un autre, et encore un autre, et encore un autre. Le même pourtant. Tous ses tableaux sont des portraits, les plus abstraits comme les plus figuratifs, les plus abstraits étant souvent, de l’intérieur, les plus figuratifs.

Hommes, femmes, enfants ; arlequins, mousquetaires, musiciens, prosti­tuées, baigneuses ; violons, bouteilles, verres, guitares, chapeaux et journaux ; jeunesse, vieillesse, et de nouveau jeunesse : pleurs, cris, fixité, soleil de nuit ou de jour ; enjouement voluptueux, cruel ou danseur ; comment faire le tour d’un tourbillon ?
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« Pour chaque Picasso, ou presque, il y a un roman à vivre, une intrigue amoureuse à démêler, un choc ou une révélation historiques à déchiffrer. Le XXe siècle est un théâtre aux enregistrements trompeurs. En vérité, sa substance se joue là. Le monde n’est ni une photographie, ni un film, mais plutôt une peinture ou une sculpture animée, et Shakespeare, par exemple, lorsqu’il veut non plus seulement nous montrer peut s’appeler tour à tour Rembrandt, Vélasquez, Goya, Cézanne ou Manet. »
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