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Citation de centmillemilliards


Tous se connaissaient. Les tanneurs dont le quartier puant s’étendait sur les rives de la Renelle côtoyaient les teinturiers et autres travailleurs du cuir aux tabliers élimés. Ils ne se parlaient guère entre eux. Plus loin, on voyait les drapiers et leurs penteurs qui transportaient le linge sec. Ils vivaient de l'autre côté de la ville sur les bords du Robec dont l’eau, affirmaient-ils, assouplissait les étoffes. Les meuniers suivis de leurs apprentis étaient là, eux aussi, enchantés de cette pause inespérée. Les pêcheurs de la Seine avaient délaissé leurs barques. On les sentait de loin. Un effluve âcre prenait la gorge comme si la foire était ouverte, sans fruits, ni légumes, ni poissons, mais seulement des spectateurs qui empestaient leur métier, baignés par un soleil ingrat et un vent mauvais. Les juifs qui habitaient non loin de la Tour étaient sortis de leurs maisons. Quelques moines orientaux du mont Sinaï, reconnaissables à leur bure en laine foncée, égrenaient les grosses boules de bois de leurs chapelets. Juste à côté d'eux, un groupe de pèlerins, récemment arrivé de Terre Sainte, psalmodiait. À l'arrière, étrangers à ce qui allait se jouer et agacés par ce contretemps, deux marchands danois attendaient. Des infirmes aux pieds coupés tendaient la main en quête d’aumône, heureux de cette journée de bénéfices inattendus. Ce jour n'était ni un dimanche, ni un jour de fête, pourtant les Rouennais de toutes conditions s'étaient donné rendez-vous sur la place principale de la ville.
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