Trop et grief faix que de vieux devenir…
Trop et grief faix que de vieux devenir
D’avoir passé le joli temps d’été,
Le riche automne où n’a nul revenir.
Plus ne saurez ainsi qu’aurez été,
Dont pleurerez, et moult vous pèsera
Voir votre cours par vieillesse arrêté.
Chacun de vous alors s’accusera
De ses beaux jours perdus et oubliés,
Et ses genoux de pleur arrosera
En requérant à deux genoux pliés
Merci aux dieux et Vénus, la déesse
Par qui tous biens nous sont multipliés.
Mais tard sera, car jamais en vieillesse
Vénus n’octroie à personne pardon
Qui n’aura fait son devoir en jeunesse.
La concorde des deux langages (1511)
// Jean Lemaire de Belges (1473 – 1525)